Un formateur de l'école de police de Oissel (Seine-Maritime) a été suspendu après avoir imposé à des élèves des exercices pouvant s'apparenter à de la torture. Selon nos confrères de RTL, cet instructeur avait déjà fait l'objet d'un signalement par un jeune de l'école en juin 2023, pour ses méthodes violentes.
Les images d'un "simulacre de noyade", organisé par un instructeur de l'école de police de Oissel en Seine-maritime, et imposé à des élèves, avaient choqué jusqu'au ministre de l'Intérieur. Les faits se sont déroulés le vendredi 24 novembre 2023, et la séance qui peut s'apparenter à de la torture, avait été filmée par plusieurs jeunes.
"Tu veux être un guerrier ?"
On y voyait un garçon la tête recouverte d'un vêtement, sur lequel le formateur versait des litres d'eau, l'empêchant visiblement de respirer. Entre deux coups portés à l'abdomen, la victime se voyait intimer l'ordre de chanter la Marseillaise, sous les encouragements de ses petits camarades.
"Tu veux être un guerrier ? Montre-moi que tu veux être un guerrier" proférait alors le formateur au jeune homme visiblement apeuré.
#Thread | La vidéo à laquelle vous faites référence correspond à une séquence dont le contenu est à l’initiative d'un formateur en école de police.
— Police nationale (@PoliceNationale) November 29, 2023
Ce comportement et cette méthode ne peuvent pas être tolérés et sont fermement condamnés par la direction générale de la police… https://t.co/JfJGTWxckq
Des méthodes "tout à fait inacceptables"
Les images diffusées sur les réseaux sociaux, la sanction ne s'est pas fait attendre. Le formateur incriminé a été suspendu, et le directeur de l'école de police convoqué par la DGPN, la Direction générale de la police nationale, qui a fermement condamné ces pratiques. Une enquête de l'IGPN Inspection générale de la police nationale a également été diligentée.
Enfin le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin avait sévèrement fustigé "ces méthodes tout à fait inacceptables" sur le plateau des 4 Vérités le 30 novembre, sur France 2.
Depuis, le quotidien Libération, ainsi que nos confrères de RTL, se sont intéressés aux méthodes éducatives de l'école de police de Oissel, et ont récolté des témoignages laissant penser que les comportements déviants ne sont pas rares, et le silence sur ces agissements imposé à tous.
L'instructeur suspendu avait-il déjà fait l'objet d'un rapport ?
D'après nos confrères de RTL, la direction de l'établissement avait été alertée, dès le mois de juin dernier, par un ancien élève de l'école, des agissements inappropriés de cet instructeur de FTSI, Formateur aux techniques et à la sécurité en intervention.
Le jeune homme aurait décrit dans son rapport la violence pour le moins inadaptée du formateur lors d'une évaluation. L'ancien élève aurait reçu des coups de poing dans la tête et sur le torse, et subi une prise d'étranglement, une technique interdite.
Nos confrères de Libération, dans un article daté du 1er décembre, ont également fait état d'un climat délétère dans l'école de Oissel. Ils ont recueilli les témoignages de plusieurs instructeurs et élèves, rapportant les comportements déviants de quelques formateurs, dont certains auraient été couverts par la hiérarchie.
Contacté par France 3 Normandie, le SICOP, le service d'information et de communication de la police nationale, dit ne pas pouvoir répondre à nos sollicitations en raison de l'enquête en cours de l'IGPN.