À Saint-Georges-sur-Fontaine, au nord de Rouen (Seine-Maritime), les riverains profitent depuis quelques mois d'un véritable poumon vert. Sur l'ancien stade de foot se dresse désormais un verger collectif. Découverte.
France 3 Normandie lance une nouvelle chronique qui se déroule au plus près de chez vous. Chaque jeudi, nos journalistes web dressent le portrait de personnes et mettent en avant des initiatives atypiques dans des communes rurales ou dans des quartiers où notre média a moins l'habitude d'aller.
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Pour ce nouvel épisode, je prends la direction de Saint-Georges-sur-Fontaine (Seine-Maritime). Cette petite commune d'un peu moins de 1 000 habitants, en périphérie d'Isneauville, a complètement transformé l'ancien stade de football. Faute de joueurs, celui-ci n'était en effet plus utilisé depuis plus de 15 ans !
Rendez-vous pris, d'abord, à la mairie de la commune. Je m'y rends à l'heure des sorties d'école. Coup de chance, je trouve une place rapidement au milieu d'un flot de véhicules. Car oui, à Saint-Georges-sur-Fontaine, il y a une école. Et ça tombe bien : les enfants du village ont largement mis la main à la pâte pour transformer ce nouveau verger collaboratif.
Après des premières plantations de fruitiers à pépins (pommiers, poiriers, sur l'arrière du terrain, moins exposé au soleil) ou à coque (noisetiers, noyers) par les habitants volontaires, en février 2023, ce sont les enseignants et leurs élèves qui ont investi les lieux. Plants de kiwis, framboisiers, groseilliers, cassissiers, et même des vignes, là, du côté plus ensoleillé.
On a souhaité associer à ce travail les enfants de la commune en se disant qu’ils allaient être contents de participer à ça, qu’ils y viendraient ensuite avec leurs parents et qu’après, ils protégeraient cet espace.
Gaël Fouldrin, maire de Saint-Georges-sur-FontaineÀ France 3 Normandie
De l'ancien stade, il ne reste que les poteaux de but. Tous rouillés. Ils contribuent à entretenir le souvenir du lieu. Maire de la commune, Gaël Fouldrin ne regrette pas ce virage à 360 degrés, plébiscité en conseil municipal : "il n'y avait plus assez d'enfants qui jouaient au foot dans les trois communes environnantes. Ce verger va être un but de promenade. L’idée c’est d’avoir un lieu où l’on puisse venir se rencontrer, faire des activités… Et il va se poser la question des récoltes, d’un moment de partage, peut-être de manifestations festives auxquelles on associera l’ensemble du village."
Un œil sur l'écologie
D'ici là, il faut que ça pousse... Les plantations n’ont volontairement pas été faites de manière linéaire, mais en îlots "pour avoir un aspect qualitatif et paysager, garder des chemins de promenade et des zones de biodiversité", précise l'édile. "Question biodiversité, je vois en effet bourdonner de nombreux insectes autour des herbes hautes. Mais pas que."
On voit des mulots, des campagnols, beaucoup d’insectes pollinisateurs. Et certaines graminées, des plantes locales qui avaient tendance à disparaître sur ce site. Avant, on n’en avait pas. On tondait le stade deux fois par an. On a l’impression que ce que l’on est en train de faire est efficace.
Bruno Marchant, employé communal et paysagisteÀ France 3 Normandie
La curiosité, sur ce terrain, c'est la vigne. "Ce sont différentes variétés qui sont adaptées à la Normandie", précise Bruno Marchant en m'incitant à goûter un grain de raisin. Pourpre, bien sucré... Je confirme, il est excellent !
Bruno Marchant a donné de son temps pour mener à bien ce projet, en s'efforçant d'économiser l'eau au maximum et d'utiliser des essences naturelles, comme le châtaignier, en guise de tuteurs. Il m'avoue prendre à cœur cette nouvelle mission. "Au moins le terrain est occupé avec une chose utile, ça rend service à tout le monde. C’est une bonne initiative", assure celui qui renoue avec sa formation de paysagiste.
Le travail supplémentaire ne l'effraie pas... Car il reste très modéré ! "Il y aura deux à trois jours de taille durant l’hiver, un fauchage par an au mois de novembre. Je passe une fois tous les quinze jours." Il me désigne un arbuste : "nous avons planté des pommiers en demi-tige, 1,40 mètre de haut. Ça facilite l’entretien et la cueillette sera plus conviviale."
Prochaines étapes : l'installation de bancs "uniques", conçus par des étudiants en design originaires de la commune, et une réflexion autour de la mise en place de ruches, si la sécurité des promeneurs ainsi que l'entretien peuvent être assurés. "Certains habitants m'ont soumis l'idée. Pourquoi pas, c’est en réflexion", conclut Gaël Fouldrin.