Une discothèque en vente sur leboncoin : les patrons de boîtes de nuit ont le moral à zéro

Le Thamengo est une institution qui a fait danser plusieurs générations près d'Argentan dans l'Orne. Après dix mois de fermeture, le propriétaire jette l'éponge. Avec la pandémie, le monde de la nuit est en sommeil. La déprime guette . "On n'en voit pas le bout"...

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C'est une annonce a priori banale. À vendre, local commercial/artisanal/industriel de 400 m² sur un terrain de 5000 m². Le bâtiment est bien situé sur la zone artisanale de Crennes près d'Argentan. Il devrait aisément trouver preneur, mais il est fort à parier qu'il va devoir se trouver une autre vocation.

"Je ne pense pas que quelqu'un rachètera pour garder la discothèque. Qui va acheter une discothèque aujourd'hui ? Ou un bar ? Ou un restaurant ? Ce n'est pas très tentant", reconnaît le propriétaire. Éric Lalande est pourtant attaché à cet établissement qui avait été fondé par son père il y a quarante ans. "Je louais le bâtiment mais les gérants avaient fait faillite. La boîte est restée fermée un an. Je l'ai relancée en 2019 après avoir fait 70 000 euros de travaux. C'était en train de bien repartir. Puis on a eu cette fermeture. C'est rageant", ajoute-t-il.

Eric Lalande tire donc un trait sur le Thamango.  Moi, je sens qu'on ne pourra pas rouvrir les discothèques tant que tout le monde n'aura pas été vacciné. Il ne faut pas trop y compter en 2021... Je prends les devants." 

"Je le comprends d'autant mieux que les aides ont baissé au mois de décembre, s'alarme Xavier Blanchet, propriétaire d'une boîte de nuit à Caen et représentant du Syndicat National des Discothèques. Aujourd'hui, certains n'ont plus les moyens de faire face à leurs charges et doivent sortir plusieurs milliers d'euros de leur poche. Ça ne pourra pas durer".

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Publiée par Le 32 discothèque sur Samedi 23 janvier 2021

 

À Baudre, près de Saint-Lô, le Milton est aussi une institution de ce monde de la nuit réduit au silence depuis le 15 mars 2020. Le patron qui gère aussi un bar de nuit à Saint-Lô (également fermé...) a pris la tête d'un collectif des discothèques de Normandie. "Nos aides sont calquées sur celles versées aux restaurants. Soit 10 000 euros pour les établissements qui font moins d'un million d'euros de chiffre d'affaire, explique Mathieu Lebrun. Le problème, c'est que pour accueillir 500 clients, il faut un grand local, ce qui signifie qu'il faut payer un gros loyer. c'est exactement la situation à laquelle sont confrontées les salles de sport".

Dans la Manche, il y avait cinquante-deux discothèques en 2000. On n'est plus que dix-sept. C'était déjà un métier en régression. Là-dessus, arrive le Covid...

Mathieu Lebrun, le Milton à Baudre (Manche)

"À Cean, certains doivent sortir jusqu'à 17 000 euros par mois pour payer la location-gérance", assure Xavier Blanchet. Sa propre discothèque est louée depuis le mois de janvier 2020. "Je sais que le locataire fait de la peinture pour s'occuper, pour penser à autre chose. Cette boîte, je l'ai créée en 1999. C'est dûr de voir son bébé à l'arrêt".

Merci à l’équipe de Brut de parler de notre métier et d’être venu faire un petit tour au Milton ?

Publiée par Le Milton Club sur Mardi 26 janvier 2021

"Quand on nous explique qu'on est non-essentiels, c'est une manière de dire que vous ne servez à rien. On croule sous les dettes et on ne sert à rien, s'emporte Mathieu Lebrun. Cela fait dix ans que je suis à mon compte. J'ai fait beaucoup de sacrifices parce que c'est dûr de gérer une entreprise." Dans son vaste établissement éteint, il a un sentiment de "gâchis" teinté d'inquiétude.

"Dans la Manche, il y avait cinquante-deux discothèques en 2000. On n'est plus que dix-sept. C'était déjà un métier en régression. Là-dessus, arrive le Covid..." Aujourd'hui, plus personne ne se risque à envisager une date de réouverture. Cet été ? À la rentrée ? L'hiver prochain ? "Même eux, au gouvernement, ils ne savent pas. C'est compliqué cette histoire", soupire Xavier Blanchet. "Très difficile à encaisser, ajoute Mathieu Lebrun. On n'en voit pas le bout".

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