Vaccination Covid, la colère des infirmières libérales : “tous les jours, les patients nous demandent de les vacciner”

Les pharmaciens ont obtenu le droit de vacciner la population contre le Covid-19. On parle des dentistes et des vétérinaires, mais les infirmiers et infirmières sont-ils exclus ? Ils n'ont pas le droit de commander de flacon de vaccin en pharmacie. Leur incompréhension est forte.

Vaccination contre le Covid-19 : les infirmiers en colère

"Les vaccins arrivent et c'est parti dans la tête des gens. Ils ont compris qu'il faut s'y mettre si on veut sortir de tout ça. On parle de 5 millions de doses en avril et comment ils vont faire sans nous ? C'est dingue de monter les uns contre les autres alors qu'on a besoin de tout le monde ! Il n'y a pas que les docteurs, médecins ou pharmaciens qui savent piquer. Les vétérinaires doivent y aller bien sûr ! Ils le font au Canada. Les kinés et les sages-femmes aussi et NOUS !"

Il ne décolère pas, Sébastien Barbier, le président d'Urgences Infirmières 14, l'association des infirmières et infirmiers libéraux du Calvados. Avec les 150 infirmiers et infirmières qu'il représente dans le département, il a organisé les drives de dépistages sur Caen depuis le début de la crise sanitaire. Depuis cet été, ils testent à tour de bras. "Et dans des conditions parfois difficiles. Mais on a foncé parce qu'il n'y a pas le choix. Il faut le faire".

Les drives fonctionnent 6 heures par jour, sauf le dimanche. La Normandie est bien dotée et ce n'est pas le cas partout. Pour un test, ils sont rémunérés à l'acte, quelques euros. "Je peux vous dire que ce n'est pas pour l'argent. C'est clair."

Après cette permanence au drive, ou avant le matin très tôt selon les cas, les infirmiers assurent aussi leur tournée en patientèle. Les journées sont parfois interminables et la vie de famille en a pris un coup. 

Tout cet hiver, dans le froid et le vent au drive de Beaulieu-d'Ornano, on est venu tous les jours. On n'a même pas de toilettes sur place, ni un espace clos et chauffé. J'ai pleuré pour un algéco à la préfecture. Et là, on est balayé d'un revers de main ? Pas de confiance pour nous autoriser à vacciner ? Je peux vous dire que ça fait mal et la colère est grande.

Sébastien Barbier, Urgences infirmières 14

Sorti le 4 mars dernier, le décret du gouvernement ne les autorise pas à vacciner sans "ordonnance". Les infirmiers n'ont donc aucune autonomie et ne peuvent pas commander des flacons en pharmacie comme c'est le cas depuis très longtemps pour la grippe classique.

Les infirmiers et la vaccination contre le Covid-19 : "les patients nous demandent à être vaccinés à domicile"

"On est cantonnés à aller servir dans les centres de vaccination débordés. Mais tous les jours, à domicile, les patients nous demandent à être vaccinés chez eux. Ils ne comprennent pas pourquoi on ne peut pas leur apporter ce service. On est avec des gens souvent âgés, avec des comorbidités et cloués à domiciles. Personne n'est vacciné, c'est dingue de constater ça", explique Sébastien Barbier.

La Haute Autorité de Santé serait en train de regarder le dossier de plus près : depuis une semaine la colère des infirmières remonte jusqu'au ministère. "Qui a fait cette boulette ? On se demande si ça n'est pas juste une histoire de lobbying ! C'est certain qu'on n'est pas beaucoup représenté(e)s à l'Assemblée nationale contrairement aux médecins ou aux pharmaciens."

C'est une goutte d'eau, ceux qui sont vaccinés, jusqu'à maintenant. Le plus gros du travail reste à faire. Comment peuvent-ils se passer de nous ? Ils sont en train de faire de la médecine, mais pas de la santé publique. C'est inimaginable ce qu'on entend chez les gens. Ils ont envie d'être vaccinés, maintenant ! Il faut y aller là, tout de suite et vite. 400 personnes meurent par jour en ce moment, en France !

Sébastien Barbier, Urgences Infirmières 14

Lundi soir, une rencontre a eu lieu avec le Préfet du Calvados pour remonter le mécontentement. "On en fait des réunions, partout et avec tout le monde. Et on se retrouve encore à ce niveau. La colère est grande dans notre profession."

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