La situation épidémiologique continue à se dégrader en Normandie, une région qui figure parmi les meilleures élèves en termes de vaccination. L'effort doit se poursuivre selon l'Agence Régionale de Santé.
"La situation n'est pas bonne." Voilà déjà trois semaines que Thomas Deroche, directeur de l'Agence Régionale de Santé martèle ce message. Les derniers chiffres recensés font état d' "une vitesse jamais observée" de la propagation du virus jusqu'alors. Entre le 13 juillet et le 22 juillet, le taux d'incidence régional a été multiplié par 2,5 passant de 30 cas pour 100 000 habitants à 76 cas pour 100 000.
Le littoral en première ligne
"Le fait majeur de cette quatrième vague c'est que les territoires les plus touchés sont les départements littoraux." Quatre des cinq départements normands ont un taux d'incidence supérieur à 50. "Le Calvados est le plus touché (taux d'incidence : 147), c'est lui qui a connu la pénétration la plus précoce du variant delta", un variant dont on retrouve aujourd'hui la présence dans 88% des tests réalisés dans la région.
Dans le Calvados, les agglomérations de Caen-la-Mer, de Lisieux et la Côte Fleurie sont les territoires les plus touchés. A Deauville, le taux d'incidence atteint les 500. Au classement départemental, la Seine-Maritime (63), la Manche (57) et l'Eure (51) ferment la marche. Seule l'Orne reste juste en dessous des 50 mais son taux d'incidence a bondi de 300% ces dix derniers jours. "La situation évolue très très vite", prévient le directeur de l'ARS.
Hôpitaux : "l'activité est stable donc ça ne baisse plus"
L'épidémie est pour l'instant dans "une phase silencieuse", à savoir qu'elle ne se traduit pas, pour le moment, par une surcharge d'activité hospitalière. "Mais il y a déjà une activité qui existe", souligne Thomas Deroche, "L'activité est stable. Ce qui veut dire que ça ne baisse plus. Il y a de nouveau des entrées à l'hôpital, qui restent aujourd'hui compensées par des sorties. Ces dernières semaines, on n'avait que des sorties."
Pour enrayer la diffusion de l'épidémie, le dépistage constitue la première étape de la stratégie mise en place par les autorités sanitaires, des autorités sanitaires qui disent préparer avec les professionnels (laboratoires, pharmacies) la montée en charge attendue avec l'élargissement du pass sanitaire ce 21 juillet puis début août.
Aujourd'hui 74 000 personnes sont testées par semaine, loin du pic des 110 000 personnes testées auparavant. Le taux de positivité, 3,4%, est jugé "très élevé". Des opérations aller-vers vont se multiplier. Une trentaine sont programmées cette semaine. "Au moindre doute, un symptôme rhino-pharyngé ou un état grippal, direct je me fais tester", assène le directeur de l'ARS, qui indique que "deux fois plus de cas ont été repérés en une seule semaine".
Vaccination : "l'arme majeure"
Vient ensuite le contact-tracing, la remontée de toute la chaîne de contamination. "C'est de plus en plus dur pour la population de comprendre l'intérêt du contact-tracing et de l'isolement", constate Nathalie Viard, directrice de la Santé Publique en Normandie, "Il permet d'éviter la propagation du virus mais aussi de repérer des lieux et des circonstances de diffusion du virus. Il est important qu'une personne nous dise si elle a participé à tel ou tel événement pour qu'on puisse contacter l'organisateur." A noter que si les personnes vaccinées ne seront plus considérées comme cas contact, elles continueront d'être contactées par ces enquêteurs.
Dans cette bataille contre la Covid-19, la vaccination est présentée comme "l'arme majeure" par le directeur de l'ARS. Dans ce domaine, la Normandie fait figure d'excellente élève : c'est la troisième région de France en termes de primo-injections (plus de 2 millions de personnes) et la deuxième pour ce qui est des personnes totalement vaccinées (plus de 1,6 million). Selon Thomas Deroche, l'objectif de primo-injectés fixé pour la fin août a déjà été atteint.
13% d'injections en plus la semaine dernière
Les annonces du président de la République ont visiblement amplifié cette dynamique. Depuis l'allocution du chef de l'Etat, ce sont pas moins de 235 000 rendez-vous qui ont été pris sur la seule plateforme Doctolib, "trois fois plus que d'habitude". La semaine dernière, on a réalisé en Normandie 13% d'injections en plus que la semaine précédente, "quatre points de plus que la moyenne nationale". D'où la difficulté aujourd'hui à trouver un rendez-vous. "Ici, on met tout à disposition de la population au maximum, on fait attention à ne pas stocker", affirme Thomas Deroche.
Une politique qui, selon le directeur de l'ARS, va permettre à la Normandie de bénéficier de doses supplémentaires, des doses destinées à des populations et des territoires dont le taux de vaccination est jugé insuffisant. "Il y a encore 14% de la classe d'âge des 75 ans et plus qui n'a reçu aucune injection", déplore Thomas Deroche, "la classe d'âge en dessous est mieux vaccinée." D'où une campagne d'appel ou de rappel de ces populations fragiles qui sera lancée la semaine prochaine par l'assurance maladie.
Des opérations "aller-vers" sur des territoires plus ciblés
Et la poursuite des opérations de vaccination dites "aller-vers" sur des territoires plus ciblés qu'auparavant, "des territoires assez ruraux, où l'offre de soins est moins développée et où la mobilité n'est pas bonne : l'Orne, l'est du Calvados, le Sud de l'Eure", explique le directeur de l'ARS, "mais aussi les quartiers dits "politique de la ville" ". Jusqu'à présent, ces opérations ont permis de vacciner 53 000 personnes dans la région. "C'est peu", reconnaît Thomas Deroche, "Mais ce sont des personnes qui, sans ces opérations, n'auraient pas eu l'idée ou la possibilité de se faire vacciner. Chacune de ces personnes est importante."