Un cortège impressionnant a sillonné les rues de Bayonne cet après-midi pour les droits des prisonniers basques, sur fond d'émotion au Pays Basque français après la remise à l'Espagne d' Aurore Martin.
Les organisateurs ont estimé à 15 000 le nombre de manifestants qui ont commencé à défiler sous une pluie battante, à 15H30 depuis la Place des Basques au centre de Bayonne, aux cris de "Exterat" (A la maison en basque), "Amnistie maintenant, prisonniers à la maison". La police a comptabilisé 10 000 manifestants.
La manifestation, à l'appel de l'organisation Herrira ("Au pays"), réclamait le rapprochement de quelque 620 prisonniers, dispersés dans des prisons en France et en Espagne, du Pays basque et de leurs familles. L'organisation demande aussi la libération des détenus malades et conditionnables.
Dès la fin de matinée, le centre historique de Bayonne était rempli de Basques espagnols, qui avaient passé très tôt la frontière pour éviter d'éventuels filtrages, ont-ils indiqué à l'AFP. Selon Herrira, plus de 60 autocars d'Espagne étaient attendus.
Aurore Martin était dans tous les esprits
Prévue de longue date, la manifestation a pris un relief particulier avec l'émoi suscité en Pays Basque français par l'arrestation à Mauléon (Pyrénées-Atlantiques) et de la remise aux autorités espagnoles le 1er novembre d'Aurore Martin.
La jeune femme âgée de 33 ans était visée par un mandat d'arrêt européen espagnol, validé par la justice française. Des élus de diverses tendances ont mis en cause le caractère "fortuit" de son arrestation, et dénoncé la remise à l'Espagne de la jeune membre de Batasuna, interdit en Espagne, mais légal en France.
Pour Herrira, la question du sort des prisonniers est au coeur de l'avancement du processus de paix, tel que que tracé par les accords d'Aiete (Espagne) en octobre 2011, dans la foulée de l'annonce par l'ETA du renoncement à la violence, après plus de 40 ans de lutte armée pour l'indépendance du Pays basque.
"Nous sommes là pour réclamer que les gouvernements français et espagnols s'impliquent dans le processus de paix comme prévu par les accords d'Aiete", ont déclaré tour à tour Laura Mintegi, élue (EH Bildu) de la gauche nationaliste espagnole, puis Emilie Martin, porte-parole d'Herrira et soeur d'Aurore, réclamant sa "libération immédiate".
Alain Rousset demande à Ayrault de "peser" sur Madrid pour une libération
Le président PS de la région Aquitaine, Alain Rousset, a écrit au Premier ministre Jean-Marc Ayrault pour lui demander de "peser" auprès de son homologue espagnol Mariano Rajoy pour "une libération rapide et un retour en France" d'Aurore Martin, la militante basque française arrêtée et remise à l'Espagne le 1er novembre.
Dans son courrier daté de jeudi, et dont l'AFP a obtenu copie samedi, Alain Rousset souhaite "alerter" le chef du gouvernement sur le fait que l'arrestation et l'extradition de la jeune femme ont suscité en Aquitaine "un émoi qui ne se dément pas".
Aurore Martin, 33 ans, était visée par un mandat d'arrêt européen espagnol, validé par la justice française en 2010. Des élus basques de diverses tendances ont mis en cause le caractère "fortuit" de son arrestation, que maintiennent les autorités françaises, et dénoncé la remise à l'Espagne de la jeune membre de Batasuna, une affaire selon eux dommageable pour le processus de paix au Pays Basque.
M. Rousset relève que l'acte d'accusation contre Aurore Martin "a ajouté au trouble de nos concitoyens" car faisant mention de faits –participation à des réunions et à manifestations- commis non seulement en Espagne, "mais également en France", où Batasuna n'est pas interdit, contrairement à l'Espagne.
Au delà des aspetcs juridiques, souligne-t-il, "il ne faudrait pas que l'incarcération d'une de nos compatriotes, qui n'a commis ni participé à un acte quelconque de violence, et sa possible condamnation à une lourde peine détruisent le climat apaisé" au Pays basque.
M. Rousset conclut en demandant a M. Ayrault "de peser auprès de (son) homologue espagnol Mariano Rajoy pour une libération rapide de notre compatriote et son retour eb France".
Le président de région a écrit le même jour une lettre dans des termes similaires a Mariano Rajoy, le remerciant d'avance pour "tout geste qui contribuera à apaiser les passions et faciliter la libération" et le "retour rapide" d'Aurore Martin en France.