A ce jour, le plus beau texte en langue française publiée sur José Tomás est un livre de Jacques Durand paru chez Actes Sud : "José Tomás, roman". Ce livre est disponible en deux versions, une édition de poche avec le texte seul, et une édition originale avec 29 images en couleur de Marie Fouque.
Voici un extrait
Tomás ? Un saint ou un ange. Qu'est-ce qu'un ange ? Un être sans ombre. José Tomás parle plus à son boxer Manolete qu'aux journalistes. Et s'il se confie, c'est au toro. Autre caractéristique des anges : ils circulent de droite à gauche ou de gauche à droite sans passer par le milieu et sans laisser de traces. Tomás se pose sans peser. Et, critère taurin absolu, sans lever la plante des pieds. Après ses meilleures faenas, on peut scruter la piste. Pas ou peu d'indices d'une présence, d'un corps. Pas de zébrures sur le sable. Celles que font les zapatillas des toreros du zigzag se replaçant nerveusement par petites courses, parce qu'ils ne dominent ni les attaques des toros ni la chamade de leur coeur. Lui se transforme en minéral ou en métal. Il l'a dit : les jours de corrida, il laisse son corps à l'hôtel. On peut en déduire qu'il veut devenir seulement une muleta, de la même façon que Glenn Gould du Naufragé de Thomas Bernhard a juste le désir d'être, non pas un pianiste, mais un piano, son Steinway, pour se passer de ce Glenn Gould qui fait écran entre Bach et lui. Le pianiste, le trop. Il respire, il sue, il s'agite dans la poussière. Les pianos ne bougent pas, et ne soulèvent pas de poussière lorsqu'ils jouent. Tomás, pas plus. Lorsqu'il joue juste, lorsqu'il torée juste, on l'imagine en apnée. Chez lui, très peu d'empreintes, et une gestuelle réduite à sa plus simple et compliquée expression. Jean Baudrillard dans Cool Memories : " Il faut être parfait danseur pour danser l'immobilité. Avec son visage de sucre Tomas est comme un danseur de chotis cette danse populaire du vieux Madrid où le danseur se contente de pivoter, raide et digne, sur ses talons. Et sous cette immobilité de Tomas quoi ? Un art sans les séductions de l’artifice et le contraire de l’inertie : une tension portée à son incandescence comme le zen dans l’art chevaleresque du tir à l’arc selon Bungaku Hakushi : « c'est-à-dire que le tir à l’arc ne consiste nullement à poursuivre un résultat extérieur avec un arc et des flèches , mais uniquement à réaliser quelque chose en soi-même. »En soi même et, là, sur les autres. Cette tension secrète marque au fer ,assez durablement, la mémoire des aficionados et soulève les olés comme des paquets de mer. Pour mémoire ce quite par chicuelinas à Madrid en mai I998 devant Cigarrero toro d’Aguirre Fernandez Cobaleda. On se souvient de la couleur du toro : tabac. Et que le vent soufflait fort et que Cigarrero ne galopait pas mais marchait et qu’on s’était brûlé le gosier avec un carajillo .Café, cognac et un grain de café.. Au centre de la piste Tomas a alors endormi ses bras et ses poignets pour les accorder au ralenti du toro dans quatre chicuelinas et une demi-véronica décomposées jusqu'aux frontières du chimérique . La vidéo de cette lecture par Joël Jacobi (extrait de "face au toril n°174 juin 2004)
A Paraitre
Une corrida pour l’histoire - Jean-Marie Magnan et Francis Wolff - Editions passifloreA lire aussi
José Tomás Román - Jacques Durand et Marie Fouque - Editions : Actes Sud
José Tomás s'appelle de son vrai nom José Tomás Román. Et c'est presque trop beau pour être vrai. Car sa tauromachie est comme une littérature: elle donne à voir plus qu'elle ne montre.
José Tomas : Madrid, Barcelone 2008 - Jacques Durand - Editions : Actes Sud
Málaga, Cuenca, le Puerto de Santa-Maria, Almería, Salamanque, Murcie, etc. Les fidèles de son évangile diront qu'il s'agissait d'épiphanies.
Des épiphanies entre les coups de corne. José Tomás a pour habitude de sortir par les deux portes qui sanctifient les toreros. Celle, la grande, des triomphes sonores, celle, petite mais aussi grande, des chuchotis de l'infirmerie. Le royaume de José Tomás s'est donc bâti cette année entre le hosanna et les cathéters, les olés et le chant des sirènes d'ambulance.
La clameur a été sa musique, le no hay billetes son communiqué de guerre. Les 5 et 15 juin à Madrid, le 21 septembre à Barcelone sa muleta a martelé sa propre légende. Ceux qui y étaient continuent à s'en frotter les yeux. Ceux qui n'y étaient pas continuent à s'en mordre les lèvres. Les deux n'oublieront pas de sitôt qu'ils y étaient ou qu'ils n'y étaient pas.
José Tomás. Serenata de un amanecer - Anya Bartels-Suermondt et Joaquán Sabina - Lunwerg Editores
http://anyabartels-suermondt.com/portraits/2011/10/25/jose-tomas
Pasión y Gloria : la tauropaquia de José Tomás - Poème de Cristina Padin - Prologue de Jacques Durand - Abelardo Alegría - Editions Bellaterra
Beaucoup de choses ont été écrites au sujet de José tomas. Ce livre offre une chronique photographique, du cœur des arènes, prises par un amateur enthousiaste.
Barcelone a été une nouvelle fois de Jose Tomas et le sera pour toujours. Parce que le sable de la Monumental catalane vient de sa tauromachie, et c'est sur son tapis où son engagement va au-delà de la présence devant le taureau, parce que José Tomás à Barcelone embrasse son histoire et la tradition de la tauromachie...