A Saint-Médard, des chasseurs sont poursuivis en justice par un viticulteur qui leur reproche de ne pas avoir tué assez de lapins. Les animaux ont causé de gros dégâts dans sa vigne. L'affaire est mise en délibéré au 21 janvier.
Un viticulteur de Charente-Maritime a entamé des poursuites pour le moins inattendues contre les chasseurs de son village. Lassé de voir ses vignes endommagées par des lapins de garenne, Serge Guibert réclame en effet à l'association de chasse communale agréée la somme de 40 000 euros. Selon lui, l'ACCA n'aurait pas tué assez de lapins et n'aurait donc pas respecté ses obligations de régulation du gibier.
L'affaire qui a été examinée ce lundi par un juge d'instance de Jonzac, a été mise en délibéré au 21 janvier prochain.
Sur place, les dégats seraient considérables, la parcelle serait détruite à 85%. Selon une expertise communiquée par l'avocat du demandeur, le montant des dommages causés s'élève à 21 000 euros, un montant auquel il faut ajouter la perte de production et des dommages et intérêts, soit 40 000 euros au total. "On leur donne un territoire à gerer, ils doivent le gérer" a notamment expliqué Serge Guibert.
La neige, amie des lapins ?
Dans le village de Saint-Médard, la mésentente ne passe pas inaperçue car le président de la société de chasse visée par la plainte est aussi le maire. Jean François Alligné a d'ailleurs indiqué à l'Agence France Presse ne pas comprendre cette mise en cause. "Il n'y a pas de quotas de chasse pour les lapins de garenne" a-t-il déclaré, assurant que les chasseurs ne sont pas restés les bras croisés et qu'ils ont tué cent-quarante-trois lapins pendant cette saison.En revanche, Jean-François Alligné a admis que les dix jours de neige durant lesquels la chasse a été interdite a sans doute permis aux voraces à grandes oreilles de s'en donner à coeur joie. Selon lui, le viticulteur concerné habite près de la commune depuis soixante ans et n'a jamais eu jusqu'alors de récriminations à l'égard des chasseurs.
Un précédent dans la région
Sur l'ile de Ré, la justice avait déjà eu à juger une affaire similaire sur l'île de Ré.Trois associations de chasse avaient été condamnées à des sommes conséquentes (plusieurs milliers d'euros dont 21 000 € pour la seule ACCA du Bois-Plage) pour ne pas avoir tué assez de lapins de Garenne, une espèce nuisible qui pullule dans l'île.
A l'époque, Jean-Michel Dapvril, le directeur de la fédération départementale des chasseurs, disait craindre une multiplication des procédures : « Si les ACCA sont condamnées, elles risquent fort de disparaître. Et sans ACCA, pas de chasseurs et beaucoup plus de lapins », prévenait-il alors.
En France, si ce type de conflit est encore rare, la prolifération des lapins est un problème qui semble prendre de l'ampleur. Il y a quelques mois, à Saint-Hippolyte, près de Perpignan, un arrêté préfectoral de nuisibles a été pris d'urgence en mai dernier en réponse aux dégâts provoqués par les lapins sur les cultures de la commune.
A Meaux, une battue aux lapins en plein centre-ville a même dû être organisée en juillet dernier.