Le charentais François Gabart (Macif) continuait samedi matin de creuser l'écart en tête du Vendée Globe dans l'est de l'océan Indien, décrochant peu à peu tous ses poursuivants.
Le "Français volant" a franchi la longitude de Leeuwin à 22h25 GMT vendredi (23h25 heure française) à la barre de son monocoque de 18,28 m Macif, après 34 j 10 h et 23 min de mer depuis le départ des Sables-d'Olonne (Vendée) le 10 novembre.
Le temps de référence avait été établi par Vincent Riou en 2004 en 36 j 12 h et 48 min. Gabart, bizuth des mers australes, a donc amélioré de 2 j 2 h et 25 min le précédent record. Il a aussi établi un nouveau temps de référence entre le cap de Bonne-Espérance et Leeuwin en 11 j 06 h et 40 min, effaçant des tablettes son mentor Michel Desjoyeaux, qui avait mis 11 j 06 h et 49 min pour accomplir la même distance en 2008.
A seulement 29 ans et après seulement deux ans de pratique du 60 pieds Imoca, Gabart est en train de donner un sacré coup de vieux à tous ses adversaires.
Entre dimanche et lundi derniers, il a parcouru 545,3 milles (1.009,8 km) sur 24 heures, pulvérisant le précédent record pour ces monocoques surpuissants, devenant le premier skipper à franchir la barre symbolique des 1.000 km en une journée.
Longtemps bord à bord avec lui, Armel Le Cléac'h (Banque Populaire) est irrésistiblement distancé à chaque pointage. Samedi à 16h00 heure française, il avait encore perdu une dizaine de milles par rapport à Gabart depuis le relevé de 05h00 du matin et pointait à plus de 50 milles dans le sillage de Macif.
Gabart, Le Cléac'h et Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3), en 3e position, naviguent sur des bateaux très similaires, signés VPLP-Verdier. Le skipper de Macif a donc trouvé un petit quelque chose qui le fait avancer plus vite.
"J'ai peut-être mon petit secret"
A la vacation de la mi-journée, Gabart a évoqué en termes sibyllins "des petites différences qui font que je vais plus vite que mes poursuivants". "J'ai peut-être mon petit secret, je ne sais pas", a-t-il lâché, ajoutant modestement qu'il "n'essaie pas spécialement de battre des records de vitesse car c'est toujours un peu risqué".
Desjoyeaux, dont l'écurie Mer Agitée gère le projet de Gabart, a peut-être fourni une explication. "Il a une voile qui est une évolution de celle que j'avais il y a quatre ans, a-t-il indiqué. Et il semble qu'Armel n'ait pas la même. Cette voile marche bien dans les conditions que François a eues lorsqu'il a battu le record des 24 heures: à 120 degrés du vent, dans 35 à 40 noeuds de vent et bonnes conditions de mer".
Seulement 10 voiles sont autorisées à bord pendant le tour du monde en solitaire. Leur choix et leur forme sont des variables stratégiques dont les secrets sont soigneusement gardés. La plupart des marins planchent sur ce dossier en amont, en étroite collaboration avec les grandes voileries pourvoyeuses de la classe Imoca.
Gabart tiendra-t-il ce rythme fou jusqu'à l'arrivée aux Sables-d'Olonne? Impossible de répondre: il en est à peine à mi-course, avec encore le Pacifique à traverser et l'Atlantique à remonter. La route est longue et il est encore trop tôt pour dire si le record de Desjoyeaux (84 j 03 h et 09 min en 2008) sera battu. Mais le skipper de Macif en prend le chemin...