Dans un entretien accordé ce matin à notre site, Mgr Wintzer estime que l'homosexualité peut être vécue sans toucher au symbole fondamental du mariage traditionnel.
Quand Eric de Labarre, le secrétaire général de l'enseignement catholique, demande par lettre aux écoles privées d'organiser des discussions sur le thème du mariage pour tous, est-il dans son rôle ?Oui car les établissements d'enseignement ne sont pas coupés de la société et il est normal d'en discuter en fonction des âges des élèves. Les établissements catholiques ont un caractère propre avec des temps prévus de réflexion générale pour que la pensée de l'église trouve aussi sa place dans ces institutions.
Ne craignez-vous pas que cette "réflexion" puisse conduire à l'affichage d'une certaine homophobie ?
Si c'était le cas, on ne pourrait que le regretter. L'église catholique n'invite en aucune manière à stigmatiser. Si on devait arriver à ce type de slogan, quel qu'il soit, cela discréditerait les propos de la personne qui les tient. Moi j'invite au débat et à la réflexion sur un enjeu qui concerne l'ensemble de la société.
Pourquoi s'inquiéter à propos d'une loi qui a déjà été adoptée dans de nombreux pays européens sans générer de troubles particuliers ?
Nous estimons que le mariage a une dimension symbolique qui structure notre société par la relation entre les deux sexes. Je ne pense pas qu'une situation de couple entre deux personnes de même sexe puisse être à parité avec celle du mariage. Le Pacs existe déjà. Peut-être faut-il trouver des moyens de l'améliorer pour prendre en compte les situations des couples homosexuels, mais le mariage a un sens spécifique qu'il ne faut pas altérer.
La famille traditionnelle est-elle l'assurance d'un plein épanouissement pour les enfants ? Nous avons tous les jours des exemples de graves dysfonctionnements avec des enfants battus, violés ou vivant au sein de couples qui se déchirent...
Certainement mais au-delà, je retiens le mariage comme un symbole de la relation homme/femme. Au-delà de la simple relation concrète entre un homme et une femme, le mariage dit que toute société humaine est fondée sur une relation entre le masculin et le féminin. Moi-même je suis célibataire, je ne vis ni avec un homme ni avec une femme et pourtant je suis dans une société sexuée. Mon identité est sexuée : je suis homme, je ne suis pas femme. Mon humanité n'est aucunement amputée par mon célibat. Il n'y a pas que les prêtres qui sont célibataires, c'est aussi le choix de nombreuses personnes. Les homosexuels peuvent vivre une vie de couple sans être mariés.
Propos recueillis par Bernard Dussol.
Le 13 janvier prochain, une manifestation de masse est attendue contre le mariage gay. Nous aborderons demain dans le Midi Pile de France 3 Poitou Charentes ce débat avec Monseigneur André Dagens, évêque d'Angoulême, qui sera l'invité de notre JT.