Thierry Tilly, reconnu responsable de la ruine de la famille Védrines, et son complice présumé Jacques Gonzalez, seront rejugés du 22 au 26 avril par la Cour d'appel de Bordeaux, après avoir été condamnés le 13 novembre 2012.
Les deux hommes avaient été condamnés respectivement à huit et quatre ans de prison par le tribunal correctionnel de Bordeaux.
Plusieurs commentateurs avaient vu dans la peine prononcée contre M. Tilly, plus modérée que les dix ans requis -- la peine maximum encourue -- malgré des attendus très sévères, une manière de le dissuader de prendre le risque de faire appel.
Mais dès le jugement rendu, M. Tilly, un homme particulièrement bavard, imaginatif et procédurier, avait fait éclater sa colère en indiquant que l'affaire ne "faisait que commencer", laissant entendre qu'il entendait épuiser les moyens de droit.
Le procès en appel est prévu pour durer une semaine, alors que le procès en première instance en avait duré deux.
Entrant dans la vie des de Védrines, des notables du Sud-Ouest, à la fin des années 1990, M. Tilly était devenu un intime de onze membres de la famille, la grand-mère, ses trois enfants, deux belles-filles et cinq petits enfants adolescents ou jeunes adultes. Les épuisant psychologiquement, il était parvenu à les convaincre qu'un complot mortel les visait et leur avait vendre en dix ans tous leurs biens, à hauteur de près de cinq millions d'euros.
Jacques Gonzalez, son complice présumé, avait profité d'une bonne partie de cette somme, grâce à laquelle il vivait luxueusement.
Le jugement évoquait "un complot machiavélique" et la "création d'une paranoïa de groupe" dans cette affaire, alors que la presse avait régulièrement surnommé M. Tilly "le gourou" de Monflanquin. La justice a reconnu la "sujétion psychologique" des victimes.
Me Daniel Picotin, l'avocat de plusieurs parties civiles, fait en sorte depuis plusieurs années, avec cette affaire comme illustration notamment, d'obtenir une meilleure prise en compte dans le droit de la manipulation mentale. Des propositions qu'il développera le 6 février devant la commission d'enquête du Sénat consacrée à l'influence des mouvements sectaires dans le domaine de la santé.