Lormont adopte la réforme des rythmes scolaires dès 2013

La mairie de l'agglomération bordelaise espère profiter d'aides supplémentaires de la part de l'Etat en faisant preuve de volontarisme. Elle estime à 120 euros par enfant le surcoût de la réforme quand une subvention de 90 euros seulement est prévue. 

Le maire a le profil du bon élève. Jean Touzeau attend de l'ancien professeur d'allemand, Jean-Marc Ayrault, une bonne note. Une prime plus exactement. Car le maire socialiste de Lormont a sorti sa calculette et a rendu son appréciation à propos de la copie rendue par l'état : "peut mieux faire".
Le texte de loi prévoit une aide de 90 euros par enfant la première année, puis de 50 euros ensuite. Insuffisant pour Jean Touzeau qui estime, lui, le surcoût de la semaine de quatre jours et demi à 120 euros par élève. 

Cette perspective n'a pas découragé pour autant l'édile de la commune d'adopter le nouveau rythme scolaire dès 2013. Mais il attend une compensation supplémentaire du gouvernement qui pourrait être prise sur le budget provisionné pour les grosses communes qui ont depuis annoncé qu'elles jetaient l'éponge (Lille, Lyon, Bordeaux, Reims...). 

A la veille d'une nouvelle grève dans l'Education Nationale, ce pourrait un signe fort envoyé aux enseignants et aux personnels communaux. 

 

Vers une rentrée scolaire en rythmes dispersés

La prochaine rentrée scolaire se fera en rythmes dispersés: Lille attendra 2014 pour adopter la semaine de 4,5 jours, Paris doit officialiser lundi le choix de 2013. Le débat sur les rythmes a largement éclipsé le projet de loi sur l'école, adopté mardi à l'Assemblée.

La semaine de 4,5 jours, abandonnée par la droite en 2008, était une promesse de campagne de François Hollande. Depuis, Vincent Peillon martèle qu'elle s'appuie sur un consensus: les écoliers français ont une année trop courte et des journées trop longues, au détriment de leur concentration et de leurs résultats. Un constat déjà dressé par une "conférence sur les rythmes" organisée par le précédent gouvernement.

Les modalités d'application, elles, font débat: cours le mercredi ou le samedi matin, quand placer les trois heures hebdomadaires d'activités péri-éducatives, quid du contenu, des locaux, des animateurs formés, a fortiori en zone rurale...

Une réforme à la carte pour les communes

Le SNUipp-FSU, principal syndicat du primaire, a demandé un report à 2014 pour que la réforme ne soit pas "bricolée", tandis que la FCPE, principale fédération de parents d'élèves, milite pour son application immédiate, dans l'intérêt des élèves.

Le décret fixe le volume horaire hebdomadaire et la durée maximale des journées de classe, mais laisse chaque commune organiser son schéma, validé ensuite par l'Education nationale.
Les élus s'inquiètent du coût de la réforme, qui affecte les transports scolaires, la cantine, et leur confie les activités péri-éducatives: 600 millions d'euros, calcule l'Association des maires de France (AMF). François Hollande lâche du lest: possibilité d'un report à 2014, création d'un fonds incitatif de 250 millions d'euros.

D'ici le 31 mars, les 24.000 communes qui ont au moins une école devront avoir décidé si elles se lancent en 2013 ou 2014.
"Enseigner s'apprend"
"J'appelle à la sérénité, le décret dit 2013 ou 2014, donc on ne va pas stigmatiser ceux qui disent 2014", a relativisé M. Peillon jeudi sur France Inter. La concertation nationale a "a été tellement longue" que le décret, paru le 26 janvier, "est sorti objectivement pour un certain nombre de communes un peu tard pour la rentrée 2013", a-t-il concédé.

Certaines grandes villes socialistes ont donné l'exemple comme Nantes, fief du Premier ministre et  Brest, ou même des villes pauvres comme Roubaix, mais d'autres ont préféré se donner un an de plus, à l'instar de Lyon et Montpellier. Aucune grande ville de droite ne s'est prononcée pour 2013.

Paris, Lille... en 2014

Parmi les villes les plus symboliques, Lille attendra 2014 et penche pour le samedi matin. Ce sera 2013 pour les 137.000 écoliers parisiens, a promis Bertrand Delanoë, fort d'un accord avec les élus écologistes de la capitale.
Le Conseil de Paris doit avaliser ce choix lundi: cours le mercredi matin, activités périscolaires les mardi et vendredi de 15H00 à 16H30. Exit la longue pause de la mi-journée initialement envisagée, qui hérissait les enseignants.
Paris promet d'embaucher des agents spécialisés des écoles maternelles, titulariser 450 agents contractuels et recruter 80 animateurs supplémentaires par concours dès 2013, ainsi que des centaines de postes pour "déprécariser" des vacataires.
Les syndicats d'enseignants parisiens restent remontés et manifesteront lundi: 55% d'enseignants seront en grève et au moins 90 écoles seront fermées, selon le SNUipp-FSU Paris. 41% des enseignants ont déclaré leur intention de faire grève et 15% des écoles sont susceptibles d'être fermées, selon le ministère.

Les rythmes, qui focalisent l'attention, ne font pas tout, face à "25% d'élèves en difficulté  à l'entrée au collège", a souligné Vincent Peillon. "Si en 2014 tous les enfants de France sont aux 4,5 jours, c'est un élément de la solution, une base, ce n'est pas LA solution".
Sa loi sur la refondation de l'école a été adoptée mardi à l'Assemblée en première lecture. Elle affirme la priorité au primaire, crée 60.000 postes dont 7.000 consacrés au principe du "plus de maîtres que de classes" pour varier les pratiques pédagogiques. Elle recrée aussi une formation des enseignants, quasi disparue sous la droite, suivant l'idée que "enseigner s'apprend", et veut faire entrer l'école dans le numérique.


A.F.P
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