Deux semaines après la rentrée, plusieurs établissements scolaires manquent toujours d'enseignants. Résultat : certaines classes n'ont toujours pas pu commencer leur programme, faute de professeur. Une situation qui n'est "pas catastrophique", mais qui cristallise les manquements derrière cette profession en crise.
"On a beaucoup recruté avant la rentrée, pour être sûrs d'avoir un enseignant devant chaque classe." Le jour de la rentrée, les propos de la rectrice de l'académie de Lille Valérie Cabuil, alignés sur ceux de Nicole Belloubet ministre démissionnaire de l'Éducation nationale, n'ont pas échappé aux chefs d'établissements et aux syndicats d'enseignants. "On s'est retenus de rire", se remémore Cédric Bart, secrétaire académique SE-UNSA à Lille, sceptique et déconfit face aux promesses de l'Éducation nationale.
Car deux semaines après la rentrée, certaines classes du Nord-Pas-de-Calais n'ont toujours pas trouvé d'enseignant pour passer l'année 2024. Selon une enquête du SNES-FSU, le 5 septembre dernier, il manquait au moins un professeur dans 56% des établissements du secondaire, soit dans une institution sur trois. Un casse-tête pour les chefs d'établissement qui doivent parfois jouer des pieds et des mains pour combler les lacunes dans les emplois du temps.
Recherche 3000 enseignants désespérément
Une situation qui n'étonne que moyennement dans les collèges et les lycées. "On s'en doutait. Nous alertons depuis l'été dernier sur cette rentrée compliquée", retrace Cédric Bart. Et le syndicaliste d'ajouter : "Il manque toujours 3000 enseignants en France pour atteindre les effectifs minimums", voire 8000 pour atteindre les effectifs d'il y a sept ans.
À cela s'ajoutent les professeurs partagés entre deux établissements géographiquement éloignés, les stagiaires du CAPES qui jettent l'éponge, les mi-temps thérapeutiques attribués à la rentrée... Des facteurs et aléas de dernière minute qui font encore baisser les effectifs en tension. Résultat : certains élèves n'ont pas encore pu débuter leur programme de physique chimie, de néerlandais, d'allemand ou encore de mathématiques, faute d'enseignant pour dispenser le cours.
Pas de situation catastrophique
Mais cette rentrée était "loin d'être apocalyptique" selon Florence Delannoy, secrétaire académique adjointe du SNPDEN (Syndicat National des Personnels de Direction de l'Education Nationale). La proviseure reconnaît que la situation n'est pas optimale, mais qu'elle pourrait être pire : "Il y a encore ici et là des manques, mais c'est très variable selon le type d'établissement, sa position dans l'académie et le type d'enseignement."
Il y a encore ici et là des manques, mais c'est très variable selon le type d'établissement, sa position dans l'académie et le type d'enseignement.
Florence Delannoy, secrétaire académique adjointe du SNPDEN
Un lycée de centre-ville accessible en transports en commun trouvera plus facilement des professeurs remplaçants qu'un lycée de campagne ou qu'un lycée professionnel, aux disciplines généralement plus spécifiques.
Pour Florence Delannoy, la situation est difficile, mais pas dramatique. "On n'a pas eu de remontées avec des situations réellement catastrophiques. C'est peut-être plus dur pour le français ou les mathématiques, mais il y a eu pas mal anticipation en juillet." Selon elle, le plus gros problème reste le manque d'effectif de réserve, de professeurs remplaçants, ceux-ci étant constamment appelés pour combler des postes de titulaires. "On arrive à assurer la rentrée à peu près correctement mais sans "réservoir" de remplaçants. Ce qui deviendra problématique pour l'année à venir."