La précarité empire en France. Alimentation, factures, éducation… Dans le Nord et le Pas-de-Calais, deux des départements les plus touchés, des milliers de familles se privent, selon le baromètre annuel du Secours populaire, paru jeudi 12 septembre 2024.
Le Nord souffre encore et toujours de la pauvreté. Le Secours populaire a démarré jeudi 12 septembre 2024 une campagne nationale intitulée "Pauvreté - Précarité", avec la parution des résultats d'un sondage Ipsos se basant sur la France et dix pays européens. "Pour sa 18e édition, l’étude comprend un baromètre sur la perception de la pauvreté et pour mieux y faire face", relate un communiqué de l'association caritative.
🔎 Ipsos et @SecoursPop dévoilent la 18ème édition du #BarometrePauvreté : malgré le recul de l'inflation, les difficultés financières des Français ne faiblissent pas.
— Ipsos France (@IpsosFrance) September 12, 2024
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Ipsos a interrogé par téléphone 996 personnes représentatives de la population française, âgées de 16 ans et plus, pour effectuer cette enquête. La spécificité cette année : un gros plan sur la précarité rurale et périurbaine en France. Des questions diverses ont été posées concernant le nombre de repas par jour réalisé par foyer, la santé, l'activité physique ou encore la gestion de l'équilibre financier. Pour Jean-Pierre Delétrez, co-directeur de la fédération du Secours populaire du Nord, "un rapport alarmant."
Les chiffres clés d'un rapport national "alarmant"
"La sortie de ce sondage est l’occasion d’alerter sur l’aggravation de la pauvreté", déclare dans un communiqué Houria Tareb, Secrétaire nationale du Secours populaire français. En quelques chiffres, comment cette pauvreté s'observe auprès des Français ?
- Le seuil de pauvreté n’est plus qu’à quelques euros du SMIC, qui concerne 17% de Français. Le seuil de pauvreté moyen est de 1 396€ soit à deux euros du SMIC 2024 s'élevant à 1 398€. 20 euros de plus que l'an dernier.
- À l'échelle européenne, près de trois Européens sur dix (29%) se disent en situation de précarité. En France, 62% des citoyens ont connu ou sont sur le point d'être dans une situation de pauvreté. Par exemple, parmi ceux-là, 35% d'entre eux renoncent à exercer une activité sportive ou de loisirs.
- Concernant la santé, 34% des Français accèdent difficilement aux services de soins, particulièrement parmi la population rurale (44%).
- La fracture numérique handicape aussi 33% des Français. Ils rencontrent des difficultés financières pour avoir un équipement numérique et payer des abonnements internet et téléphonie, ce chiffre atteint 40% pour la population rurale.
- Enfin, une bonne nouvelle concernant le bon cœur des Français. 66% d'entre eux souhaitent toujours s’impliquer pour aider les personnes en situation de pauvreté.
"La situation ne fait qu'empirer d'année en année dans la région"
Si la situation nationale au sujet de la pauvreté est inquiétante et le constat est facilement applicable au nord de la France, secteur très touché. "Rien ne distingue le territoire, sinon en pire. En 2023, on a accompagné près de 100 000 personnes, la situation ne fait qu'empirer d'année en année", explique Jean-Pierre Delétrez, salarié de la plus importante fédération de France du Secours populaire, comprenant 72 comités.
Les secteurs les plus touchés du département du Nord se situent à Roubaix, dans le Valenciennois et l'Avesnois. "La précarité a tendance à marginaliser. Dans les familles modestes, l'ascenseur social n'existe plus", affirme le co-directeur du Secours populaire dans le Nord.
C'est le cas à Roubaix, l'une des villes les plus pauvres de France. Dans la commune de près de 100 000 habitants, plus de 15 000 familles sont inscrites au Secours Populaire. Ces dernières années la précarité a explosé. "Cela a augmenté de plus en plus avec l'après covid, la guerre en Ukraine puis l'inflation. Même les familles qui travaillent, ont de plus en plus de mal à joindre les deux bouts", témoigne Nora Chiheb, directrice du site de distribution du Secours populaire.
Même les familles qui travaillent, ont de plus en plus de mal à joindre les deux bouts.
Nora Chiheb, directrice du site de distribution du Secours populaire.
34% des Européens ont déjà renoncé à se faire soigner pour des raisons financières. "Une médiatrice médicale, rémunérée par des subventions de l'agence régionale de santé (ARS), de la mairie et de l'État, permet d'accompagner des patients qui n'ont pas les moyens d'aller chez le dentiste ou l'opticien", explique la responsable du centre du Secours populaire de Roubaix.
Plus d’un Européen sur trois déclare ne pas pouvoir subvenir aux besoins essentiels de ses enfants."Un jour, un père de famille est venu en pleurs au centre. Honteux, il expliquait ne pas pouvoir donner à manger à ses enfants présents chez lui pour le week-end. C'est tout naturellement qu'avec mes équipes nous lui avons donné des produits essentiels pour qu'il puisse alimenter convenablement sa famille", raconte Nora Chiheb.
"Redonner de la dignité à des gens en situation de précarité"
Ce discours Dominique Thorez, responsable de la fédération du Pas-de-Calais du Secours populaire, le partage également. Dans son département, il distribuait près de 500 colis au début des années 2 000 aujourd'hui on en compte plus de 3 300. Ces dons comprennent produits secs et surgelés..."Parmi nos bénéficiaires, on retrouve des personnes âgées, jeunes smicards monoparentaux et étudiants", explique-t-il.
Au sujet de l'électricité, sur 5000 familles bénéficiaires dans son département, une bonne trentaine d'entre elles a reçu une aide pour payer leurs factures d'électricité qui ne cessent de grimper en flèche ces dernières années.
Le Secours populaire souhaite trouver des solutions pour ceux qui sont dans le besoin. "C'est très difficile de franchir la porte d'un secours populaire, même quand on n’a pas le choix, et dire qu'on n’y arrive pas financièrement", explique Dominique Thorez. Le représentant local du Secours populaire présente que "toutes les zones sont touchées." Il se dit démuni pour "couvrir les zones rurales."
C'est très difficile de franchir un secours populaire et dire qu'on n’y arrive pas financièrement.
Dominique Thorez, représentant du Secours populaire dans le Pas-de-Calais
Pour lutter contre la précarité, la fédération du Pas-de-Calais du Secours populaire français organise, jeudi 12 et vendredi 13 septembre 2024, une braderie solidaire, pour dénicher des articles à prix réduits, à la fédération du Secours populaire d’Arras, au 38 rue Baudimont, à Arras. "Quand vous voyez les résultats du sondage IPSOS/Secours populaire pour ce jour, vous comprenez que rendre, à ces personnes, un peu de dignité est primordial", insiste dans un communiqué du jeudi 5 septembre, Dominique Thorez, Secrétaire Général du Secours populaire français Fédération du Pas-de-Calais.