"Les stocks sont réduits, on est à flux tendu" : étagères vides, manque de dons, la banque alimentaire de la Somme dans une situation préoccupante

La banque alimentaire de la Somme tire la sonnette d’alarme. Le grossiste de l’aide alimentaire peine à répondre à la demande croissante des associations. Les dons et les financements publics ont diminué, mais les bénéficiaires sont toujours plus nombreux dans le département.

Dans l’entrepôt de Banque alimentaire de la Somme, des dizaines d’étagères sont vides. Seules quelques palettes de céréales et de conserves attendent d’être récupérées par des associations du département.

Tous les jours, Cédricmaël, en charge de la répartition des denrées, fait l’inventaire de l’entrepôt. Et ces derniers mois, il est préoccupé par les stocks. "Il nous manque des féculents, des conserves de poisson et de légumes, du sucre, de l’huile, de la farine et de la viande. Un des produits les plus chers. Les stocks sont réduits, on est à flux tendu", affirme le bénévole. Des dons en baisse constante et une demande en augmentation : la banque alimentaire tire la sonnette d’alarme.

Un grossiste solidaire en manque de dons

Premier réseau d’accompagnement alimentaire en France, la banque alimentaire est née en 1984 en réponse à la pauvreté galopante et au non-sens du gaspillage. Cinq associations (Secours Catholique, Emmaüs, Armée du Salut, Entraide d’Auteuil et Entraide protestante) ont ainsi fondé un système basé sur les dons des entreprises agroalimentaires, des moyennes et grandes surfaces, des fonds européens et des citoyens.

Ces dons sont ensuite distribués aux associations, centres communaux d’action sociale (CCAS) et épiceries solidaires. Dans la Somme, le grossiste fournit de l’aide à quelque 10 000 bénéficiaires.

Depuis quelques années, les dons se tarissent et les demandes sont de plus en plus nombreuses. En 2024, la banque alimentaire de la Somme a constaté une baisse de 40 % des denrées lors de ses ramassages dans les grandes et moyennes surfaces partenaires.

Ces dernières années, les grandes surfaces retardent la mise à disposition des produits. Elles ont largement développé leurs propres dispositifs pour liquider les produits en date limite de consommation, directement en magasin, comme les rayons "antigaspi" ou "zéro-gâchi" et autres promotions sur les dates courtes. Les associations sont pénalisées et récupèrent de plus en plus de produits dont la date limite de consommation est dépassée.

Des associations pénalisées

Le va-et-vient des camions est quotidien autour de l’entrepôt. Les camions de la banque alimentaire rentrent de leurs ramasses dans les supermarchés et de chez les producteurs et croisent ceux des associations qui viennent récupérer les dons pour leurs bénéficiaires.

Il y a encore un an et demi, on venait avec un gros camion et on le chargeait à ras bord. Maintenant, je charge juste un petit Partner.

Florian Léger, salarié d'Oisemont Solidarité

Ce jeudi matin, c’est un salarié d'Oisemont Solidarité qui est venu récupérer la commande pour l’épicerie solidaire de la commune. Sa camionnette est remplie de packs de lait, de boîtes de riz, de céréales et de cagettes de fruits et légumes. En quelques années, il a vu les listes des denrées disponibles à la banque alimentaire réduite drastiquement. "Il y a encore un an et demi, on venait avec un gros camion et on le chargeait à ras bord. Maintenant, je charge juste un petit Partner. Alors que nous avons toujours plus de bénéficiaires. Parfois, on triche et on achète nous-même les produits qui manquent, grâce aux subventions de l’État", déplore Florian Léger, salarié d'Oisemont Solidarité.

Financements et mécénat en diminution

La situation du grossiste est de plus en plus préoccupante, d’autant que le manque de dons est couplé avec un besoin de financement pour développer des projets et effectuer des travaux dans les locaux. "Nous devons réaménager la zone de chargement qui est actuellement dans la cour. Elle est déjà surchargée par les camions et il y a des risques d’accident. Mais pour cela, nous avons besoin de 50 000 à 100 000 €. Nous avons aussi besoin d’une nouvelle chambre froide. Nous achetons de plus en plus de marchandises avec la réduction des dons", explique Jean-Philippe Berger, directeur opérationnel de la banque alimentaire de la Somme.

Après des années de forte inflation, le mécénat, l’État et les collectivités publiques ont diminué les subventions. "Dans le département, plus de 770 communes pourraient nous aider, mais peu le font. Si elles nous versaient 100 € par an chacune, nous pourrions développer les projets", précise Gilles L’Hermitte, président de la banque alimentaire de la Somme.

Les associations caritatives ont de plus en plus de mal à renouveler leurs stocks de denrées alimentaires. En septembre dernier, les Restos du cœur avaient déjà lancé un appel à l’aide, après l’explosion du nombre de bénéficiaires et faute de financements publics et privés pour répondre à la demande. Pour cette rentrée, c’est au tour de la banque alimentaire de la Somme d’alerter sur l’urgence sociale.

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