Restos du Coeur : pourquoi les rayons "anti-gaspi" des supermarchés pénalisent les associations

Ces dernières années, sous l'effet de l'inflation et de la lutte contre le gaspillage alimentaire, les grandes surfaces ont développé les promotions en magasin sur les produits en date courte. Privant les associations caritatives d'une grosse source d'approvisionnement.

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C'est comme une source qui se tarit au fil du temps. Voilà plusieurs années que les associations caritatives, telles que les Restos du cœur, la Banque Alimentaire ou encore le Secours Populaire, voient les collectes de denrées invendues venant des grandes surfaces diminuer, parfois presque disparaître.

Or, avec les subventions et les dons de partenaires privés ou publics, le ramassage des produits en fin de date de consommation directement auprès des supermarchés représentait jusqu'ici une manne précieuse pour ces organismes. Encore plus à l'heure de l'inflation, où les comptes tournent au rouge, comme l'illustre l'appel à l'aide des Restos du cœur, mais aussi de la Croix Rouge.

"Aujourd'hui, on n'a quasiment plus rien de la part de la grande distribution, regrette Pierre Willefert, directeur départemental du Nord pour la Banque alimentaire. Quand on récupérait encore trois caddies lors de nos ramassages quotidiens il y a quelques années, aujourd'hui on n'en récupère plus qu'un." Difficile alors de répondre à l'augmentation du nombre de bénéficiaires, passés de 80.000 l'an dernier à 92.000 en 2023.

Du côté du Secours populaire, le constat est similaire, alors que l'association fonctionne avec un réseau d'épiceries sociales alimentées à "80%" environ par les rebuts de la grande distribution. "Nous avons une baisse d'environ 60% à 70% des produits dans nos rayons, observe Romain Gayot, secrétaire départemental du Nord. C'est une chute assez brutale, même si elle s'est faite sur plusieurs années."

"Des bénévoles prennent leur bâton de pèlerin pour faire pleurer Margot",

Romain Gayot, Secours Populaire du Nord

Face à ce problème, le président des Restos du Coeur dans la métropole lilloise, Thierry Sarrazin, nous expliquait dans un précédent article qu'il s'était armé d'une équipe d'une dizaine de prospecteurs à l'échelle du département du Nord, pour démarcher les magasins et producteurs. Elle n'en comptait qu'un seul il y a encore quelques mois."Des bénévoles prennent leur bâton de pèlerin pour faire pleurer Margot", illustrait-il.

Pourquoi les grandes surfaces donnent-elles moins ? Sont-elles devenus radines ? Disons que ces dernières années, elles ont largement développé leurs propres dispositifs pour liquider les produits en date limite de consommation, directement en magasin. On peut constater l'essor des rayons "anti-gaspi" ou "zéro-gâchi" et autres promotions sur les dates courtes. A cela s'ajoute le succès de l'application ToGoodToGo, qui met en lien les supermarchés avec les clients pour récupérer les invendus auprès des vendeurs.

Une stratégie commerciale ?

Pour Romain Gayot du Secours Populaire, ces dispositifs se résument à une stratégie de "communication". Une manière de se faire bien voir du consommateur en luttant contre l'inflation et le gaspillage alimentaire. "Mais c'est seulement de la promotion, déplore-t-il. Car au final, ils ne sont pas sûrs de vendre tous leurs produits, quand nous nous distribuons tout, sans rien perdre. Puis économiquement, ils étaient déjà défiscalisés à 60% de leurs dons."

Ce dernier pointe du doigt une problématique, de justice sociale cette fois-ci. "Dans ces rayons en promotion, tout le monde peut y aller, explique-t-il. Alors qu'avec les associations, ces produits étaient fléchés pour ceux qui en avaient le plus besoin." En magasin, n'importe quel consommateur peut profiter des réductions.

Peu de réactions du côté des grandes surfaces. Seule Béatrice Javary, Directrice RSE Auchan France nous répond :  "Il est important de préciser que les dons ont certes baissé mais n'ont pas pour autant disparu, tous nos magasins sont en lien avec des associations locales de leur territoire pour les soutenir et leur apporter de l'aide dès que c'est possible. D'autre part, en plus de lutter contre le gaspillage alimentaire, les rayons anti-gaspi ont aussi constitué une nouvelle solution pour les plus précaires qui peuvent y trouver une offre alimentaire variée à prix remisés."

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