"On voit fondre nos stocks" : plus de bénéficiaires mais moins de dons, l'aide alimentaire tire la langue

À cause de l'inflation, de nouvelles familles viennent se nourrir auprès des associations, comme les Restos du cœur ou le Secours populaire dans le Nord. Problème, les hypermarchés fournissent moins de denrées et les stocks diminuent.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

L'équation est complexe. D'un côté, les associations comptent de plus en plus de bénéficiaires. De l'autre, elles ont des difficultés croissantes pour se fournir en denrées alimentaires. Au bout du compte, les stocks de nourritures baissent et des produits manquent à l'appel.

La flambée des prix a poussé de nouvelles familles à se présenter à l'aide alimentaire. Les structures comme Les Restos du cœur, le Secours populaire ou encore le Secours Catholique enregistrent une augmentation du nombre de nécessiteux depuis plusieurs mois. C'est, par exemple, +17% par rapport à 2021 pour la première et +10% pour seconde.

Cafés, steaks hachés... Des denrées rares

Alors comment répondre à cette demande ? "C'est compliqué, assure Romain Gayot, directeur général du Secours populaire dans le Nord. Car nous sommes confrontés à différents problèmes liés à l'approvisionnement. Avec pour dénominateur commun : l'inflation.

Chaque année, les principales associations caritatives françaises reçoivent une enveloppe budgétaire de l'Union européenne leur permettant de financer des denrées alimentaires. L'argent n'est pas sonnant et trébuchant, ils doivent passer commande auprès de l'organisme FranceAgriMer, qui se charge de négocier et d'acheter les provisions. Pour le Secours populaire, cette ressource alimente environ la moitié des stocks de nourriture.

Problème, cette année, toutes les denrées commandées n'ont pas été livrées, car devenues trop chères. "Sur 30 produits, nous en avons reçu seulement 17 lors de la première commande, puis entre 20 et 25 pour la deuxième", explique Romain Gayot. Steaks hachés, huile, café comptent parmi les grands absents.

Moins de dons des supermarchés

Quand les associations n'achètent pas, elles collectent le plus souvent auprès des magasins. Mais sur ce plan là aussi, c'est "assez catastrophique" constate le directeur du Secours populaire. Les supermarchés donnent de moins en moins leurs rebuts pour une bonne raison : ils ont eux mêmes leurs rayons de promotions. "Certes, ça va dans le sens de la réduction du gaspillage alimentaire, réagi Romain Gayot. Mais ça nous pénalise."

L'application mobile TooGoodToGo, créée pour sauver les invendus, a également contribué à restreindre les ressources des associations. "Cela a eu un impact non-négligeable dans nos épiceries du Valenciennois, prend pour exemple le directeur général. Depuis plus d'un an, nous n'avons plus de produits frais dans nos frigidaires." Et de manière générale, "on voit nos stocks tampons fondre", dit-il. 

"Il faut se réinventer"

Au Restos du coeur, on prend ces problèmes d'approvisionnement à bras-le-corps. "On essaie de trouver d'autres sources", avance Thierry Sarrazin, son président dans le Nord. Pour ce faire, l'association de Coluche s'est armée d'une équipe d'une dizaine de prospecteurs à l'échelle du département, alors qu'elle n'en comptait qu'un seul il y a encore quelques mois.

"Des bénévoles prennent leur bâton de pèlerin pour faire pleurer Margot", illustre-t-il. Ces derniers vont frapper aux portes des magasins ou des producteurs. Dans l'espoir de récupérer des invendus, gratuits ou à bas coût.

Pour alimenter ses réserves en légumes, l'association va se lancer dans le jardinage d'ici un an. Sur trois terrains données par l'enseigne Lidl, sur les communes de Seclin, Bailleul et dans une autre zone du département, elle va mettre en place des ateliers d'insertion pour cultiver la terre. "Et devenir notre propre producteur", résume Thierry Sarrazin. "On n'a pas le choix, il faut se réinventer", convient Romain Gayot.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information