Face à la hausse du nombre de personnes qui demandent de l'aide et face à l'augmentation des coûts liés à l'inflation, les Restos du Coeur sont dans l'impasse. Plus de 107 000 habitants des Hauts-de-France sont aujourd'hui accompagnés par l'association.
"À ce rythme-là, si on ne fait rien, même les Restos du Cœur pourraient mettre la clé sous la porte d’ici trois ans". L’appel à l’aide a été lancé par Patrice Douret, président de l’association, dimanche 3 septembre sur le plateau de TF1.
Jamais, depuis leur création en 1985, les Restos n’ont accueilli autant de bénéficiaires que cette année. Le tout en pleine période d’inflation.
Conséquence : près de 150 000 bénéficiaires pourraient être éconduits dès cet automne pour distribuer l’aide alimentaire aux plus fragiles. Dans les Hauts-de-France, avant même l’ouverture de la campagne d’hiver en novembre prochain, le constat est identique.
"Malheureusement, et c’est un crève coeur, on va devoir dire non à certaines familles qui étaient acceptées l’hiver dernier et qui ne le seront pas cette année ", déplore Gérard Béhague, délégué régional. Impossible de connaitre le nombre exact de bénéficiaires concernés à ce stade.
25% de bénéficiaires en plus dans les Hauts-de-France en 2023
Dans la région, 107 000 personnes ont été acceptées à l’aide alimentaire pour la campagne d’été 2023 contre 85 000 l’année dernière sur la même période. Les Hauts-de-France représentent un peu plus de 10% du nombre de bénéficiaires répartis sur l’ensemble du territoire national.
"On a une augmentation de 25% du nombre de personnes acceptées dans la région, résume Gérard Béhague. Une hausse liée aux difficultés que rencontrent les familles avec l’inflation. Les familles ne savent plus faire face, se résignent. On a beaucoup de nouveaux inscrits".
Nous avons enregistré une augmentation du nombre de bénéficiaires de 17% à Dunkerque contre plus de 40% à Maubeuge.
Gérard Béhague, délégué régional Hauts-de-France des Restos du Coeur
Un constat partagé dans les 12 associations départementales réparties dans la région, même s’il existe des disparités importantes entre les secteurs. "Nous avons enregistré une augmentation du nombre de bénéficiaires de 17% à Dunkerque contre plus de 40% à Maubeuge", analyse le délégué régional des Restos du Coeur dans les Hauts-de-France.
"Aujourd’hui, c’est difficile de faire face à l’explosion des coûts"
À l’augmentation du nombre de bénéficiaires s’ajoute la hausse des coûts de fonctionnement pour l'association. "8 millions de repas ont été servis depuis le début de la campagne d’été débutée au mois de mars dans les Hauts-de-France, contre 5,6 millions à la même époque l’année dernière", avance le délégué régional.
Or, plus d’un tiers de ces repas sont directement financés par l’association. "Quand vous payez votre bouteille de lait 15% plus cher au supermarché, dites-vous que c’est la même augmentation des coûts multipliés par les dizaines de palettes que nous achetons", résume Thierry Sarrazin, président de Restos du Coeur dans la métropole lilloise.
Une augmentation du coût des denrées alimentaires à laquelle il faut ajouter l’explosion des coûts du transport, mais aussi l’augmentation des factures énergétiques des 421 centres des Hauts-de-France. "Coût de la denrée, coût du transport, coût de l’énergie… liste Gérard Béhague. Aujourd’hui, c’est difficile de faire face".
"10 euros de dons, c’est 10 repas"
Dimanche 3 septembre 2023, le gouvernement a annoncé octroyer une enveloppe supplémentaire de 15 millions d’euros, pour venir en aide aux Restos.
Mais au-delà de cette aide d'urgence, rappelle le délégué régional des Hauts-de-France, les particuliers peuvent également faire des dons. "Toute somme qui est donnée aidera les restos. Quand les gens donnent 1 euro, ils donnent un repas à un bénéficiaire. 10 euros, c’est 10 repas… Chaque participation compte".
Une aide précieuse pour maintenir la solidarité face à l’augmentation du nombre de personnes dans le besoin. "Coluche a distribué 8,5 millions de repas sur l’ensemble de la France en 1985, conclut Gérard Béhague. Cette année, on a fait 8 millions de repas sur la campagne d’été rien que dans les Hauts-de-France".