Bordeaux, terre d'avenir pour les investisseurs chinois

Les investisseurs chinois achètent de plus en plus des vignes bordelaises, un business recherché pour l'image de marque des châteaux et les immenses débouchés du vin de Bordeaux en Chine. Le pays est désormais le premier marché à l'export des vins de Bordeaux

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"Depuis des années je réfléchis à la même question : quelles sont les industries qui vont se développer très rapidement en Chine ? Ma réponse est toujours la même, c'est l'industrie du vin", explique le propriétaire de la chaîne de joaillerie chinoise TESiRO, Shen Dongjun, qui a acquis début 2011 les 22 hectares du château Laulan-Ducos, un cru bourgeois du Médoc.

"Avec la croissance, de plus en plus de consommateurs chinois apprennent à boire du vin français et en tombent amoureux. Le vin est un marché qui a de grandes potentialités en Chine", explique-t-il, avant d'ajouter: "Et quel amateur ne rêve pas d'avoir son propre château ?"


La Chine, premier marché à l’export

Les résultats de la campagne 2012 des vins de Bordeaux confirment son analyse: la Chine est devenue, avec 538.000 hectolitres (10% de la production), le premier marché à l'exportation en volume des vins de Bordeaux, loin devant l'Allemagne, la Belgique et le Royaume-Uni avec environ 250.000 hl chacun.
Il y a dix ans, pourtant c'était une boisson très rarement consommée.

Ravi de ces nouveaux records, le président du Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB), Georges Haushalter, souligne que les investisseurs chinois "arrivent avec beaucoup d'ambition" en cherchant "à pousser loin dans la qualité en investissant dans l'encadrement".
C'est le cas notamment au château Monlot, sept hectares en Saint-Emilion grand cru acheté en 2011 par l'actrice Zhao Wei, où officie l'un des oenologues les plus réputés de la place de Bordeaux, Jean-Claude Berrouet, qui a oeuvré pendant 44 millésimes pour le mythique Petrus.

"L'objectif est d'augmenter la qualité du vin pour le conduire au niveau le plus prestigieux, être une référence", indique M. Berrouet, révélant que des investissements dans un nouveau cuvier et un chais à barriques sont prévus "pour se donner les moyens d'arriver à cette fin".
Un business florissant qui fait des envieux


Un château, aussi cher qu’un appartement à Hong-Kong

Les Chinois sont arrivés prudemment dès 2008 dans le vignoble bordelais, acquérant des propriétés de moins de 5 millions d'euros. En 2011, la tendance s'est amplifiée, avec des rachats de châteaux dans certains cas à la vente depuis longtemps, portant aujourd'hui à une trentaine le nombre de propriétés détenues par des hommes d'affaire ou groupes financiers issus de l'empire du milieu.

"Leurs achats ont dans un premier temps été guidés par l'architecture du bâtiment" avec le souhait de s'approprier un peu de culture et d'histoire française, "mais le but étant de faire du business, ils ont acquis des vignobles permettant de produire du volume", explique le spécialiste en oenologie de l'hebdomadaire Le Point, Jacques Dupont.

Pour ces investisseurs ayant pied dans le secteur du vin en Chine "être propriétaire à Bordeaux apporte crédibilité et prestige", indique Thomas Jullien, correspondant du CIVB en Chine. "Pour d'autres c'est une opération de relations publiques permettant de recevoir leurs clients dans une belle bâtisse française" car "Bordeaux pour le vin est à l'image de ce qu'est Paris pour le luxe", ajoute-t-il.

Li Lijuan, chinoise ayant travaillé au rachat en 2012 du château Grand Mouëys, un AOC côte de Bordeaux, par Zhang Jinsan, à la tête du groupe NingXia, premier fabriquant d'alcool chinois, confirme que ces investisseurs sont également motivés par la recherche "d'un placement sécurisé dans la pierre", une propriété bordelaise coûtant selon elle "aussi cher qu'un grand appartement à Hong-Kong".

Elle souligne que Bordeaux "intéresse aussi pour le luxe de la côte Atlantique avec ses casinos et l'oenotourisme", précisant qu'à Grand Mouëys, des chambres d'hôtes seront dévolues à un tourisme chinois de luxe.

Les négociants en vin pourraient être ceux qui devraient avoir le plus à craindre des ces arrivées. Produisant leur propre récolte, ces propriétaires chinois entendent couper les marges d'un intermédiaire en vendant directement et intégralement leur propre récolte en Chine à travers leur réseau de distribution.

Mais selon M. Haushalter, lui-même négociant, "le négoce bordelais est habitué à cette attitude" et ces nouveaux arrivants à Bordeaux "voient ensuite la force d'avoir des marchés dans le monde entier et une diversité de clients", ce que seuls les négociants locaux peuvent apporter.

Shen Dongjun reconnait d'ailleurs qu'il envisageait d'exporter en Chine la totalité des 120.000 bouteilles de Laulan-Ducos mais compte maintenant "développer d'autres marchés".

Outre les puissants groupes financiers King Power, qui exploite un réseau de distribution de marques de luxe, et Cofco, entreprise étatique d'import-export, ces investisseurs aux profils divers sont souvent des hommes d'affaires soucieux de diversifier leurs actifs en embrassant le monde du vin avec passion mais avec l'idée d'en faire un business.

Ce ne sont pas les fortunes françaises qui pourraient le leur reprocher. Rothschild ou Dassault d'abord, Arnault, Pinault, Bouygues, Bolloré et de nombreux autres nouveaux riches chefs d'entreprises ensuite, ont depuis quinze ans fait de la diversification de leurs activités dans les vignobles, surtout bordelais, un business florissant qui fait forcément des envieux.
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