"Les filles du carnet volé" nous fait revenir à Montmorillon dans les années 50 : Régine et Manon ont une liaison amoureuse, c'est interdit et scandaleux. Léonardo Marcos nous fait revivre cette période dans ses entretiens avec les deux femmes, qu'il accompagne d'un album photos.
Régine Deforges est née à Montmorillon. Au sortir de la seconde guerre mondiale la relation amoureuse qu'elle entretient avec Manon Abauzit est découverte. Elle en racontera les conséquences dans son roman Le cahier volé, publié en 1978.D'abord libraire puis éditrice, elle accède au succès populaire avec La bicyclette bleue en 1983.
Elle est par la suite à l'origine du salon du livre de Montmorillon dont la première édition s'est tenue en 1990. Ses romans défendent souvent les droits des femmes à s'assumer leur sexualité, celle-ci incluant le lesbianisme, et cet ouvrage rappelle -alors que les premiers mariages de couples homosexuels sont célébrés dans notre pays- combien les amours saphiques ont été violemment réprimées et combien les femmes aussi ont souffert de l'homophobie.
Quatrième de couverture :
Après la guerre, à Montmorillon, petite ville de la Vienne, deux jeunes filles, Régine Deforges et Manon Abauzit, font leurs études, l'une chez les soeurs, l'autre au collège de la ville. Elles ont seize ans. Régine est rousse, pulpeuse et très belle. Manon est blonde et androgyne. Une liaison amoureuse se noue entre les deux. Un garçon jaloux les épie et vole le cahier du journal intime de Régine. Il le fait circuler parmi ses camarades. Le secret de leur amour est sur la place publique et le scandale éclate. Médisance, opprobre et rejet s'abattent sur les deux filles, particulièrement sur Régine, issue d'un milieu plus modeste qui ne sait pas se défendre. Elle est exclue de son école religieuse, et le collège où Manon suit ses cours refuse désormais de l'admettre.
Régine et Manon témoignent aujourd'hui de la violence qui leur fut faite. Longtemps, ce « Cahier volé » empêcha Régine d'écrire et longtemps Manon, que son milieu protégeait davantage, se sentit coupable du rejet dont fut victime son amie.
Leonardo Marcos fait parler les deux femmes sur cette blessure non cicatrisée et restitue par ses photographies l'atmosphère tendre et voluptueuse qui fut méchamment salie.