C'est un département rural, paupérisé, incarnant la "France des oubliés", selon le FN. Dans le Lot-et-Garonne, où il était déjà bien implanté, le parti frontiste entend au minimum passer au second tour de la législative partielle visant à remplacer Jérôme Cahuzac.
La troisième circonscription du Lot-et-Garonne, où le premier tour de la législative partielle sera organisé dimanche, incarne une "France des invisibles" et des "laissés pour compte" que le FN s'efforce d'attirer dans ses rangs. A Villeneuve-sur-Lot, dont Jérôme Cahuzac était le maire (2001-2012), le taux de chômage atteint 11,9%, le record pour l'Aquitaine.
La direction du FN a cette fois préféré un jeune candidat de 23 ans, Etienne Bousquet-Cassagne, censé symboliser le renouvellement de génération. Bien encadré par les cadres régionaux du FN, dont Michel Guiniot, membre du bureau politique, qui fait office de directeur de campagne, il a planifié une campagne méthodique.
L'implantation du FN dans cette région n'est pas nouvelle: situé dans la vallée de la Garonne, le Lot-et-Garonne fait figure d'exception, réservant de bon scores au FN alors que généralement le parti était plutôt faible dans le Sud Ouest. Un succès qui s'explique par le fait que cette vallée est un "axe de circulation" où se sont installées depuis des décennies des immigrés venus d'Italie, d'Espagne ou du Maghreb. Avec une particularité en plus: ici sont aussi venus de nombreux harkis, un électorat parfois proche du FN.
Le FN martèle donc ses fondamentaux et son discours trouve un écho favorable sur le terreau du chômage, de l'appauvrissement des agriculteurs et de la hausse des violences aux personnes. Pour l'ensemble de l'Aquitaine, c'est d'ailleurs dans cette circonscription que le FN avait réalisé en 2012 son meilleur score aux législatives, avec 15,7% des suffrages.
Dès 2002, d'ailleurs, Jean-Marie Le Pen y avait obtenu 18,91% des voix, arrivant devant Jacques Chirac et deux points au-dessus de sa moyenne nationale. Aux constantes locales, s'ajoute la chute de Jérôme Cahuzac, mis en examen pour blanchiment de fraude fiscale et alimentant le discours sur les élites pourries "de l'UMPS", cher au Front National.