Les syndicats de cheminots CGT, UNSA et SUD-Rail ont dénoncé mercredi dans un courrier au ministre des transports "la logique purement financière" de la SNCF, évoquant l'accident de Brétigny-sur-Orge qui a fait sept morts en juillet. RFF affirme que "la modernisation du réseau va se poursuivre"
"Il doit y avoir un après Brétigny-sur-Orge et un travail global sur l'organisation du service public SNCF", estiment les syndicats de cheminots CGT, UNSA et SUD-Rail dans une lettre adressée mercredi au ministre des transports Frédéric Cuvillier. Les signataires de ce courrier évoquent "la retenue" dont ils ont fait preuve après la catastrophe, mais jugent aujourd'hui nécessaire de revenir sur les événements de l'été.
C'est la stratégie de l'omerta et la politique du risque calculé qui sont mises en oeuvre au nom de la sacro-sainte productivité et de la réduction des coûts de production", écrivent-ils, dénonçant "une logique purement financière. Comment peut-on imaginer pouvoir supprimer plus de 10 000 emplois de cheminots qualifiés et formés en cinq ans, réaliser une somme inégalée de travaux, produire toujours plus de trains et transporter plus de voyageurs sans qu'il y ait une répercussion sur le niveau de sécurité ?"
Les syndicats dénoncent également "la dégradation des conditions de travail" des cheminots au quotidien, "le mal-être causé par les injonctions contradictoires entre la pression sur les délais ou les coûts et des moyens inadaptés", "le doublement, voire le triplement des territoires à surveiller", "la médiocrité des travaux réalisés par des entreprises sous-traitantes". Ils réclament que leurs propositions soient intégrées au projet de réforme du système ferroviaire en cours.
Au lendemain de ces déclarations, le président de RFF (Réseau Ferré de France), Jacques Rapoport a indiqué sur la chaîne LCI que les dépenses de renouvellement, de modernisation et de maintenance du réseau étaient passées "de moins de 3 milliards en 2008" à "près de 6 milliards" cette année, en ajoutant qu'il "faut faire plus : Pendant 30 ans, du début des années 80 à la fin des années 2000, la priorité au TGV a conduit à ralentir la modernisation du réseau existant. Depuis maintenant quelques années, ce mouvement a été inversé", a-t-il ajouté.
Concernant l'accident de Brétigny, le président de RFF a réaffirmé que son entreprise prendrait "toutes les mesures que (...) préconiseront" les rapports d'enquête en cours sur la catastrophe.
Dès le mois de juillet, nous avons lancé une vérification générale sur l'ensemble du réseau de tous les équipements du même type" que l'éclisse mise en cause dans l'accident de Brétigny, a-t-il rappelé. "Cette inspection générale (...) ne nous a pas montré de situation contraire à la sécurité, donc il y a eu un problème spécifique à Brétigny dont nous ne connaissons pas encore aujourd'hui les causes".