La justice vient de blanchir définitivement Robert Hébras en annulant sa condamnation
La Cour de cassation a annulé aujourd'hui la condamnation de Robert Hébras qui avait émis un doute sur le caractère forcé de l'enrôlement des Malgré-Nous ayant pris part au massacre d'Oradour-sur-Glane, dont il est l'un des rares survivants.
Robert Hébras, 88 ans, est définitivement blanchi par la justice, puisque la Cour a purement et simplement annulé l'arrêt de la cour d'appel de Colmar le condamnant à verser un euro de dommages et intérêts et 10.000 euros au titre des frais de justice à deux associations de Malgré-Nous, sans ordonner le renvoi du dossier devant une autre cour d'appel.
Le 17 septembre devant la 1ère chambre civile, l'avocat général avait préconisé la cassation de l'arrêt de la cour d'appel de Colmar condamnant M. Hébras.
Dans son livre "Oradour-sur-Glane, le drame heure par heure", publié pour la première fois en 1992, Robert Hébras écrivait notamment que, "parmi les hommes de main, il y avait quelques Alsaciens enrôlés soi-disant de force dans les unités SS".
Il avait toutefois nuancé ce propos dans les éditions suivantes, publiées à partir de 2004, mais en 2008-2009, un nouveau tirage avait repris la première version, entraînant la plainte en diffamation de deux associations de "malgré-nous" alsaciens.
M. Hébras, "s'est borné à émettre un doute à l'égard de treize Alsaciens" qui avaient participé au massacre "et non à l'égard de tous les Alsaciens enrôlés de force", avait plaidé son avocate, Me Françoise Thouin-Palat, rappelant que la réédition du texte initial résultait d'une erreur reconnue par l'éditeur.
Il s'agit d'une "interrogation subjective et non d'une vérité établie", de la part d'un témoin de l'Histoire, "tenu à une obligation non d'objectivité mais de
sincérité", avait-elle fait valoir. L'avocat général Christian Mellottée était allé dans son sens, soulignant que M. Hébras parlait "au conditionnel", "sans esprit de haine ou partisan". Il avait en outre relevé que cette affaire s'inscrit dans un débat d'intérêt général, cadre dans lequel la liberté d'expression est plus grande.
De son côté, le conseil des associations, Me Jean-Pierre Chevallier avait rappelé le sort des 13 Alsaciens enrôlés de force ayant participé au crime de guerre d'Oradour, qui ont été condamnés puis amnistiés en 1953.
Pour l'avocat, "admettre qu'un témoin de l'Histoire puisse remettre en cause la réalité historique et judiciaire" serait "ouvrir la boîte de Pandore".
Réaction de Robert Hébras à l'annulation de sa condamnation :