Plusieurs communes du littoral aquitain, parties civiles au procès du Prestige,ont exprimé mercredi leur déception après l'acquittement des trois accusés par la justice espagnole pour le naufrage du pétrolier à l'origine de la marée noire qui avaient atteint leurs côtes.
"C'est une décision très décevante", a réagi Me Renaud Lahitete, conseil du Syndicat mixte de protection du littoral landais, regroupant dix-sept communes des Landes ainsi que le Conseil général, qui s'étaient portés parties civiles dans ce dossier. Selon lui, les débats avaient pourtant montré "la responsabilité des autorités espagnoles qui avaient pris une décision ne pouvant conduire qu'au naufrage".
Un éventuel appel ?
M. Lahitete a indiqué attendre de connaître les détails de la décision. Il a toutefois rappelé qu'il avait, "par précaution" déposé en parallèle un recours administratif. "On avait imaginé que ça serait difficile au plan pénal, d'où notre recours administratif", a-t-il ajouté.
Conseil de deux communes des Pyrénées-Atlantiques,
Bidart et Saint-Jean-de-Luz, également parties civiles dans cette affaire, Me Pierre Santi a fustigé "un jour funeste pour l'environnement", dénonçant "un type de décisions qui encourage l'utilisation de navires poubelles".il a souligné qu'aucune indemnisation ne serait versée aux collectivités plaignantes à la suite de la décision de la justice espagnole, "aucune condamnation à une indemnisation n'ayant été prononcée".
Me Santi n'avait eu de cesse depuis 2006 de dénoncer la décision de dessaisir la justice française du dossier au profit de la justice espagnole, se conformant ainsi à une décision d'Eurojust (Unité de coopération judiciaire). "Depuis sept
ans, je dis que c'est un scandale d'Etats "avec un s", que cela soit la France ou l'Espagne, et je pointe en particulier la responsabilité de l'Etat français" qui "s'est désintéressé du sort des parties civiles françaises", a-t-il accusé.
ont réagi dans un communiqué plusieurs élus et représentants écologistes locaux, dont la député européenne Catherine Grèze et le président du groupe écologiste au Conseil régional d'Aquitaine, Bernard Péré.En guise de commémoration, on offre aux 2.000 personnes s'étant constituées parties civiles un acquittement quasi-général : c'est un scandale !
Le maire de Saint-Jean de Luz Peyuco Duhart réagi à travers dans un communiqué sa colère
Aujourd’hui, en tant que Maire d’une commune littorale, je ressens de la colère. La colère contre une procédure qui, dès l’origine, visait à décourager les victimes de cette pollution. La colère contre ce que j’estime être un véritable déni de justice. La colère face à l’impunité dont bénéficie toute la chaine des acteurs de ce drame : armateurs, affréteurs, compagnie pétrolière, propriétaires sous pavillon de complaisances, compagnies d’assurances maritimes qui, à aucun moment, n’ont été inquiétés. La colère face à l’impunité dont bénéficie toute la chaine des acteurs de ce drame : armateurs, affréteurs, compagnie pétrolière, propriétaires sous pavillon de complaisances, compagnies d’assurances maritimes qui, à aucun moment, n’ont été inquiétés.Nous assistons à un véritable recul de la justice, d’autant que le jugement récent de l’Erika laissait entrevoir une réelle reconnaissance européenne de la notion de préjudice écologique.
La « jurisprudence Prestige » consacre malheureusement le permis de polluer. Onze ans après les faits, nous vivons tous un triste anniversaire et je souhaite réaffirmer ma solidarité avec les communes françaises et espagnoles durement touchées par cette catastrophe"