Le collectif “Non à l’incinérateur de plastiques à Montpellier !” passe à l’action et a mis en ligne une pétition pour demander la suspension du projet de mise en place d’une chaudière de combustion solide de récupération (CSR) à Montpellier.
Un projet prévoit l’installation d’une filière CSR (Combustible solide de récupération) à l’usine Amétyst de Montpellier. Celle-ci doit traiter 45 000 tonnes de déchets par an, notamment des papiers, cartons, textiles souillés et certains plastiques, par combustion pour produire de l’énergie. Une infrastructure pourrait voir le jour dès 2025 et dont il est question depuis mars 2024.
Risques environnementaux et sanitaires
Le collectif "Non à l’incinérateur de plastiques à Montpellier !” exprime de vives inquiétudes quant aux impacts environnementaux et sanitaires du projet. Selon eux, l’incinération pourrait libérer dans l’atmosphère des polluants dangereux tels que le fluorure d’hydrogène, le dioxyde de soufre, l’oxyde d’azote, du monoxyde de carbone, des métaux lourds, des dioxines ou encore des polluants éternel. “Aucun filtre existant ne peut, à ce jour, capter l’ensemble des polluants émis dans les fumées”, précise le collectif, qui alerte sur les risques pour la santé des populations locales.
La qualité de l’air étant déjà dégradée à Montpellier, nous redoutons un effet cocktail sur la santé, avec une augmentation avérée des maladies cardiovasculaires et des cancers liée à la combustion des plastiques présents dans les CSR.
Porte-parole du collectif "Non à l’incinérateur de plastiques à Montpellier !"
Une gestion des déchets sous pression
En Occitanie, 17 millions de tonnes de déchets sont produites chaque année. Depuis la fermeture de la décharge de Castries en 2019, la métropole de Montpellier exporte ses déchets, soit environ 110 000 tonnes par an.
En mars 2004, Michaël Delafosse, maire de Montpellier et président de la Métropole, avait déjà alerté sur l’ampleur de ce problème : “Chaque année, 4 500 camions transportent nos déchets à travers toute la région Occitanie, parcourant 800 000 kilomètres, soit 20 fois le tour de la Terre.” La Métropole a évalué les coûts à 27 millions d’euros chaque année.
La filière CSR représente une solution complémentaire pour réduire ces coûts et valoriser les déchets non recyclables. Elle permettrait de valoriser plus de 51 % des déchets produits par les habitants des 31 communes de la Métropole, tout en alimentant en énergie des infrastructures locales. À ce jour, l’énergie produite par l'unité de méthanisation Amétyst chauffe déjà 2 000 logements dans l’éco-quartier des Grisettes et 17 000 m² de la clinique Saint-Roch.
Mais à Montpellier, le projet d'incinérateur divise depuis plusieurs mois habitants et élus, jusqu'au sein même de la majorité municipale. Au printemps dernier, des dissidents écologistes ont choisi de rompre avec le maire Michaël Delafosse et sa politique de gestion des déchets.
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Une alternative : le zéro déchet
Le collectif s’oppose à cette nouvelle infrastructure et demande la réalisation préalable d’une étude d’impact environnemental et sanitaire indépendante. Le collectif espère mobiliser l’opinion publique autour de cette problématique avec une pétition en ligne. Les membres du collectif estiment que des solutions plus durables et moins polluantes doivent être privilégiées. Notamment, la mise en place d’une stratégie Zéro Déchet afin de les réduire à la source.
Aujourd'hui, faire le tri des déchets est compliqué pour les habitants du territoire, il faudrait que la collectivité propose des outils de tri - comme des composteurs, des conteneurs à verre, à carton - et développe des ressourceries de quartier.
Coralie Mantion, élue de la métropole de Montpellier (Les Ecologistes - EELV), aujourd'hui dans l'opposition
Selon l’Ademe, un habitant français produit en moyenne 354 kg d’ordures ménagères par an. En Europe, 30 % des déchets ménagers et industriels non dangereux sont encore enfouis, soit environ 70 millions de tonnes chaque année. La loi de transition énergétique pour la croissance verte (TECV) impose pourtant une réduction de 50 % de l’enfouissement d’ici à 2025.