C'est un petit festival de films documentaires, mais sa thématique est loin d'être anecdotique. La cinquième édition de "Filmer le travail" propose des regards inédits sur l'emploi et le chômage à partir de ce vendredi soir à Poitiers. 8 000 spectateurs sont attendus dans les salles.
Ce n'est certes pas le festival le plus populaire du Poitou-Charentes mais les thèmes qu'il aborde nous concernent tous.
"Filmer le travail" s'ouvre ce soir à Poitiers. Comme chaque année depuis cinq ans, les organisateurs(*) proposeront au public des regards inédits sur l'emploi - ou son absence.
De la Chine à la Roumanie
Vingt-trois films français et étrangers, essentiellement des documentaires, sont en compétition pour les sept prix du festival qui seront décernés le 15 février. Parmi eux, de nombreux films français, autour de thèmes comme la transmission du savoir entre générations de paysans ("Des hommes et des bêtes", "Nature paysanne") ou d'artistes de cirque ("Mon grand-père lançait des couteaux").D'autres évoquent les espoirs de jeunes de banlieue face au monde du travail ("Je préfère ne pas penser à demain"), le combat de sans-papiers pour être régularisés ("On vient pour la visite" ou "Sans image") ou encore le quotidien de Roms cherchant à gagner leur vie ("Le pendule de Costel").
Mais le festival s'échappe aussi dans des contrées plus lointaines avec des jeunes Congolais engagés comme chauffeurs de taxi en Roumanie ("Tsofa"), ou des films sur l'absurdité de la bureaucratie en Chine ("Cha Fang"). Le festival propose aussi un focus sur le cinéma social allemand, via une quinzaine de documentaires ou fictions réalisés outre-Rhin.
Les Fonderies du Poitou en ouverture
Outre les projections de films, des pièces de théâtre, rencontres professionnelles, conférences ou expositions de photographies sont au menu dans différents lieux de Poitiers. Comme chaque année, les cinéastes amateurs sont aussi invités à participer à un concours de court-métrage baptisé "Filme ton travail".
Lors de la soirée d'ouverture sera présenté en avant-première le documentaire "Tête haute, huit mois de bagarre", consacré au combat des ouvriers des Fonderies du Poitou en 2012 contre leur direction qui voulait baisser les salaires de 25%.
Hommage au cinéma social de René Vautier
Au programme figure aussi une rétrospective consacrée au cinéaste René Vautier, qui s'est notamment intéressé aux conflits sociaux des années 1970. "Quand tu disais Valéry" sur l'occupation de leur usine par les salariés des caravanes Trigano ou "Quand les femmes ont pris la colère" sur des femmes séquestrant un patron, seront notamment projetés.L'an dernier, le Grand prix avait été décerné à un documentaire savoureux baptisé "Mille et une traites", illustrant la lutte contre le déclin du monde paysan à travers les efforts d'un éleveur breton pour assurer sa succession. En 2012, le documentaire "Les Conti, gonflés à bloc", retraçant le combat des ouvriers de Continental à Clairoix (Oise) après l'annonce de la fermeture de leur usine en 2009, avait reçu le Grand prix.
Les organisateurs attendent environ 8.000 visiteurs. Ils avaient accueilli quelque 7.000 personnes l'an dernier.
(*)Le festival "Filmer le travail" est organisé par l'association du même nom, à l'initiative notamment de l'Université de Poitiers et de l'Association régionale pour l'amélioration des conditions de travail (Aract), en collaboration avec la région Poitou-Charentes et la ville de Poitiers.Le festival "Filmer le travail" est organisé par l'association du même nom, à l'initiative notamment de l'Université de Poitiers et de l'Association régionale
pour l'amélioration des conditions de travail (Aract), en collaboration avec la région Poitou-Charentes et la ville de Poitiers.