De nombreux élus charentais avaient fait connaître leur souhait d'être rattachés à l'Aquitaine, en mettant en avant la proximité géographique, culturelle mais aussi son caractère maritime. Ils sont farouchement opposés au redécoupage proposé hier par François Hollande et parlent de "sécession".
Ils évoquent un mariage forcé avec le Centre et le Limousin dont ils ne veulent pas et à droite comme à gauche, s'affirment prêts à ne pas l'accepter.
En tête des mécontents, les deux présidents des conseils généraux, l'UMP Dominique Bussereau pour la Charente-Maritime et Michel Boutant pour la Charente et le député de la Rochelle, Olivier Falorni .
Sur son compte Twitter, Dominique Bussereau parle de "réforme improvisée". Il n'hésite pas à évoquer un divorce et donc un possible éclatement du Poitou-Charentes en annonçant qu'il mettra en place une "consultation démocratique" sur la question. Un référendum que refuse le chef de l'Etat ainsi que Ségolène Royal et Jean-François Macaire, le président de la région Poitou-Charentes.
Première échéance pour l'élu de Charente-Maritime, la réunion des quatre conseils régionaux ( Charente-Maritime, Charente, Vienne et Deux-Sèvres) vendredi 6 juin à Ruffec en Charente.
#reformeterritoriale Les 4 Cg se réunissent à Ruffec vendredi Les Charentais-maritimes seront appelés â voter démocratiquement à l'automne
— Dominique Bussereau (@Dbussereau) 2 Juin 2014
Charentais-maritime également mais socialiste, Olivier Falorni député de la Rochelle/Ré ne fait pas mystère non plus de sa nette opposition à cette réforme. Sur son compte Twitter, il se dit "atterré" et annonce qu'il ne votera pas en faveur de ce projet de fusion avec le Centre et le Limousin.
Atterré par le projet de fusion Poitou-Charentes/ Centre/ Limousin. En l'état, je ne voterai pas ça! #reformeterritoriale #incoherence
— Olivier Falorni (@OlivierFalorni) 3 Juin 2014
Le charentais, Michel Boutant "scandalisé et "écœuré par l'arrogance et le mépris"
Michel Boutant, le président du conseil général de Charente est sur la même longueur d'onde. Alors que l'on parlait encore de rapprochement avec les Pays-de-la-Loire, il avait d'ailleurs fait parvenir à tous les maires de Charente un courrier les invitant à prendre position contre le redécoupage proposé par le gouvernement. Lui aussi semble envisager sans état d'âme, une scission des deux départements charentais vers l'Aquitaine.
Chez nos confrères de la Charente-Libre, il affirme être “scandalisé”, “écœuré par une telle arrogance et autant de mépris à l’égard des territoires”.
Il ajoute sans jamais citer Ségolène Royal : "Maintenant, c'est très clair, c'est un découpage électoral pour quelqu'un ".
L'élue écologiste d'Angoulême, Françoise Coutant espère que "rien n'est figé" et parle "d'aberration".
Fusion avec l'Aquitaine : un pas de deux sans résultat
Ce rapprochement avec l'Aquitaine voulu par les Charentais était depuis longtemps en confrontation avec l'alliance avec les Pays-de-la-Loire prônée par Ségolène Royal, ancienne présidente du Poitou-Charentes. Mais alors qu'on la disait opposée à toute fusion avec la région présidée par le socialiste Alain Rousset également président de l'Assemblée des Régions de France, elle révèle ce matin dans les colonnes de la Nouvelle République qu'elle n'avait pas combattu cette idée, "contrairement à ce qui a été dit". Elle ajoute même l'avoir proposée au président de la région Aquitaine : "J'ai eu Alain Rousset au téléphone, mais cela ne l'intéresse pas." Des propos relayés par Jean-François Macaire, son successeur à la tête du Poitou-Charentes.
Dominique Bussereau avait alors affirmé qu'en fait, elle redoutait le" leadership d'Alain Rousset et Alain Juppé."
Ségolène Royal laisse également entendre qu'elle n'était pas vraiment pour un rapprochement avec le Centre mais seulement avec le Limousin.
Le projet de loi proposé par le gouvernement devrait être discuté en juillet par le Parlement. Mais Manuel Valls, le premier Ministre a affirmé ce matin en défendant ces propositions de réforme territoriale qu'il pourrait toutefois "y avoir des évolutions".