Centre-Limousin-Poitou-Charentes: un Objet régional non identifié

De la banlieue parisienne à l'estuaire de la Gironde, les élus et acteurs économiques charentais, poitevins, limousins et du Centre restent sidérés, et souvent mécontents, de la décision prise à Paris de fusionner leurs trois régions, pourtant si différentes.

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Ce nouvel ensemble Limousin-Poitou-Charentes-Centre pèsera 5 millions d'habitants et sera la plus vaste des 14 nouvelles régions, avec une superficie de 81.903 km2 comparable à celle de l'Autriche, mais reste pour beaucoup une sorte d'Objet régional non identifié (ORNI).

En Touraine (région Centre), on rêvait plutôt d'un mariage avec les Pays de la Loire, en laissant Nantes et la Loire-Atlantique à la Bretagne. Mais le dogme de l'inviolabilité des frontières des régions en a décidé autrement, au grand dam du nouveau maire UMP de Tours, Serge Babary.
"De Dreux à Tulle, on fait le grand écart", tempête-t-il, en craignant que Poitiers, avec le soutien de Ségolène Royal et de Jean-Pierre Raffarin, n'accède au statut de capitale régionale. "Je reste dans la logique atlantique", avec un développement vers les Pays de la Loire, dit-il en attendant de pied ferme le débat parlementaire.

Même si, à l'instar d'autres élus socialistes, le président de la région Centre, François Bonneau, fait contre mauvaise fortune bon coeur après avoir défendu "l'axe ligérien", les élus campés le long de la Loire n'ont pas fait leur deuil d'un développement suivant le cours du fleuve royal.
"Pourquoi pas Centre-Pays de Loire? C'eût été plus cohérent! Décidément, de déceptions en déceptions...", se désole sur son profil Facebook le maire PS de Blois, Marc Gricourt.
Le président du conseil général Maurice Leroy (UDI) dénonce, lui, un "non sens" et une réforme "bâclée".

Les acteurs économiques ne sont pas plus tendres: le président de la CGPME de la région Centre, Patrice Duceau, regrette que la cohérence économique de l'axe "d'Orléans à Angers" n'ait pas été prise en compte.
La présidente de la Chambre de commerce et d'Industrie de l'Indre, Paulette Picard, s'interroge sur le fonctionnement du nouvel ensemble, alors que "la région Centre a déjà bien du mal à s'identifier".


Les universitaires seuls satisfaits

Dans le nord de la future région, à l'orée de la région parisienne, les élus d'Eure-et-Loir se demandent ce qu'ils peuvent bien avoir en commun avec le très rural Limousin et le lointain Poitou-Charentes.

Les seuls satisfaits sont les universitaires qui voient renforcée la structure HUGO des hôpitaux universitaires du Grand-Ouest et le projet de regroupement des universités de Tours, Poitiers et Limoges.

Le ménage à trois s'annonce d'autant plus cahotique que les deux autres fiancés ne sont guère plus enthousiastes que le Centre. Même si le président PS du Poitou-Charentes, Jean-François Macaire, se félicite d'une structure qui préservera "l'identité de chaque territoire, tout en créant une fédération régionale", il espère profiter du débat parlementaire pour obtenir des aménagements...

Les deux Charentes renâclent en effet devant un redécoupage où elles voient la main de Ségolène Royal et ont les yeux de Chimène pour la capitale aquitaine. "Nos liens avec Bordeaux sont évidents", relève le président UMP du Conseil général de Charente-Maritime Dominique Bussereau en ironisant : "si demain il fallait associer les producteurs beaucerons au sauvetage des moules de Charrons, on n'est pas sur la même planète".

Dans un communiqué, les élus socialistes du Limousin ont eux aussi demandé à être prioritairement associés à l'Aquitaine et à la région Poitou-Charentes.
Même les très hollandistes élus corréziens émettent des critiques acerbes... Un comble, le maire PS de Tulle, Bernard Combes, dénonce une "grande région imprécise et improbable", plaide pour "un démembrement du Limousin" et le "rattachement (de la Corrèze) avec l'Aquitaine".
Cette option a aussi les faveurs du président départemental de l'UMP, Michel Paillassou, qui s'insurge contre "de très beaux cadeaux pour Ségolène Royal et Michel Sapin", le voisin berrichon.

Les Poitevins, chers au coeur de la ministre de l'Ecologie, ne sont pas plus enthousiastes: dans les Deux-Sèvres,le conseiller général PS Gérard Zabatta va jusqu'à dénoncer "une aberration géographique, sociologique et économique".
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