D'éminents spécialistes de la littérature française, anciens étudiants de l'Ecole Normale Supérieure ou professeurs, ont animé une séance de lecture-débat dans l'enceinte de la prestigieuse institution de la rue d'Ulm pour analyser la prose et surtout les prises de position du célèbre humoriste
Ce colloque très relevé a débouché sur un livre qui vient de paraître. Nul doute que le "cas Desproges" méritait qu'on s'y attarde. On découvre que Desproges n'était pas nécessairement un humoriste de droite, comme certains ont pu l'affirmer. Pour Arnaud Mercier, professeur à l'Université de Lorraine, il convient d'y regarder de plus près:
son appartenance à la sphère culturelle de la droite ne va pas de soi. Inutile de vouloir classer Desproges qui renvoie allègrement dos-à-dos la droite et la gauche en affirmant à propos du vote : « Je considère comme un devoir civique de ne pas voter, surtout quand on vous demande de choisir entre la peste et le choléra. » écrit A. Mercier.
Pierre Schoentjes (Université de Gand) s'est intéressé aux techniques utilisées par Desproges dans son Dictionnaire. Il y voit une continuité du genre inauguré par le Dictionnaire philosophique de Voltaire, et le rattache à une tradition littéraire qui réunirait, entre autres, Flaubert, Jules Renard et Mark Twain.
Et s'il fallait une preuve que l'ironie de Desproges ne connaissait pas de limites, voici deux de ses réparties les plus énormes:
«Les animaux sont moins intolérants que nous: un cochon affamé mangera du musulman» ou encore «II vaut mieux rire d'Auschwitz avec un juif que jouer au Scrabble avec Klaus Barbie»