Cultiver du cannabis, un business en vogue en Europe. La récente saisie de près de 4.000 pieds de cannabis en Belgique illustre l'évolution
du marché européen où l'herbe est de plus en plus cultivée localement, par des particuliers.
dans un champ ou sur un balcon, cette culture se développe de plus en plus en intérieur ("indoor"), dans un placard en appartement voire dans un pavillon ou un hangar.
Des plantations ont ainsi été découvertes dans une trentaine de pays européens. C'est aux Pays-Bas et au Royaume-Uni que le plus grand nombre de sites de production a été détecté, devant la Belgique et la Pologne. En France, 141.000 pieds de cannabis ont été arrachés en 2013 sur près de 50 sites, contre 55.000 en 2010.
La culture indoor, discrète et facilitée par internet, permet d'obtenir entre quatre et six récoltes par an, contre une à deux lorsqu'on produit en extérieur. Même si la culture en extérieur subsiste dans les pays du sud et de l'est de l'Europe, les cultures "indoor" tiennent désormais le haut du pavé en Europe.
L'offre s'est adaptée à la demande. La consommation d'herbe de cannabis a supplanté celle de résine, majoritairement importée du Maroc. Sur 2.050 tonnes de cannabis consommées en Europe en 2012, 60% (1.280 tonnes) étaient de l'herbe. Plusieurs raisons à cet engouement: le mythe du produit bio, une meilleure qualité que la résine, et une teneur plus élevée en THC (le principe actif du cannabis).
En quelques années, les effets de l'herbe sont devenus plus puissants -13% en moyenne-, notamment grâce à des modifications génétiques du chanvre. Au départ pourtant, il s'agissait pour les petits cultivateurs de produire dans leur placard, pour eux-mêmes et leurs amis, pour éviter les réseaux criminels, une arrestation ou une herbe frelatée. En 2010, on en comptait entre 80.000 et 100.000 en France.
Mais à ces amateurs se sont ajoutés d'autres profils aux objectifs clairement commerciaux. Car le business est rentable : pour 1m2, on cultive 5 plants, qui
peuvent rapporter 5.000 euros par an. Depuis trois ans, certains particuliers se lancent dans la culture pour faire de l'argent. C'est de cette manière qu'une retraitée de Charente-Maritime a été interpellée pour une trentaine de plants qu'elle cultivait dans une chambre pour arrondir ses fins de mois.
Le crime organisé s'est également intéressé à cette manne, à l'image des "cannabis factory" (usine à cannabis), implantées en Angleterre, aux Pays-Bas, en Belgique et en Italie. Un secteur dominé par les groupes criminels asiatiques, notamment vietnamiens, aidés par des filières d'immigration clandestine, selon l'Ocrtis. En échange de son passage, le migrant doit travailler sur ces exploitations.
Une nouvelle tendance difficile à contrer par les forces de l'ordre, qui ne découvrent souvent ces plantations qu'à la faveur d'un incendie ou de vapeurs de chanvre reniflées par les riverains. Mais l'explosion de ce type de cultures entraîne aussi une lutte pour le contrôle du marché considérée par la police comme préoccupante.