L’homme qui a dirigé le Limousin pendant 18 ans sort de sa réserve : il s’interroge sur les objectifs de la réforme territoriale et s’inquiète de ses conséquences pour notre région.
Entretien.
Il a quitté la présidence de l’Assemblée Régionale il y a dix ans, mais Robert Savy fait encore autorité sur les questions de politique régionale et européenne.
Et aujourd’hui, il ne mâche pas ses mots pour juger la réforme territoriale initiée par le Président de la République.
Des régions plus grandes mais moins fortes
Faire des économies? «Une plaisanterie » estime Robert Savy qui veut faire une lecture plus politique de la méthode utilisée et du calendrier choisi.
Pour lui, le re-découpage en grandes régions va surtout mettre les territoires en concurrence alors qu’il devrait au contraire faciliter leur cohésion.
Il va aussi privilégier les grandes agglomérations au détriment des territoires ruraux.
On va construire "des régions plus grandes mais moins fortes". A l’arrivée : un pouvoir régional affaibli sans trop toucher au pouvoir départemental.
Le Limousin, c'est 14% de la nouvelle grande région
Robert Savy pense que cette réforme territoriale n’est pas de bon augure pour le Limousin et pour ses habitants.
Avec seulement 14% de la population de la nouvelle grande région Aquitaine, il aura « du mal à se faire entendre d’un pouvoir qui sera plus loin et plus étranger qu’avant ».
Quant à Limoges, privée de son statut de capitale régionale, elle risque de passer du statut de "petite grande ville" à celui de "simple petite ville".
VIDEO : l'entretien avec Robert Savy
Entretien : Pascal Coussy, Matthieu Dègremont