Le Limousin est-il une simple construction administrative ou a-t-il une véritable identité forgée par l'histoire et vivante dans l'esprit de ses habitants?
A la veille de la fusion dans une grande Aquitaine nous avons posé la question dans une série d'entretiens : "comment peut-on être limousin?..."
Pour l’historien Philippe Grandcoing, l’origine du Limousin remonte à plus de 2 000 ans, quand un peuple Celte, les Lémovices, vint s’installer sur les terres de ce qui recoupe à peu près le Limousin d’aujourd’hui.
Avec les romains la civitas des Lémovices donna naissance à Augustoritum, sa capitale, qui deviendra Limoges.
Puis la création du diocèse de Limoges reprit à peu près les frontières de la province romaine.
Au Moyen-âge, le Limousin fut, déjà, intégré au sein d’un grand Duché d’Aquitaine. Cela ne l’empêcha pas de rayonner dans toute l’Europe, grâce à la réputation de ses émaux et de ses troubadours.
Et c’est à Limoges que le grand Richard Cœur de Lion fut couronné Duc d’Aquitaine, avant de recevoir une flèche fatale quelques années plus tard au château de Châlus.
Avec le retour d’un pouvoir royal fort et de l’unité du territoire, le Limousin eut son Intendance, dont le territoire était légèrement décalé vers l’Ouest par rapport au Limousin actuel.
La révolution créa les trois départements de Haute-Vienne, Creuse et Corrèze avec un objectif : casser le pouvoir des anciennes provinces.... Richard Coeur-de Lion couronné Duc d'Aquitaine à Limoges
En réaction, à la fin du XIX ème siècle, des mouvements « folkloristes » tentèrent de codifier une identité et une mémoire régionale parfois figée et artificielle mais dont les éléments se retrouvent encore aujourd’hui dans les représentations collectives de la région.
Au même moment, le Limousin fut un des berceaux des mouvements ouvriers ou des idées socialistes.
Le premier conflit mondial fut un traumatisme pour le Limousin. La région fut l’une de celles qui payèrent le plus lourd tribu à la guerre. Beaucoup d’hommes ne revinrent pas et la démographie des villages de campagne ne s’en remit jamais vraiment.
Quant au « limogeage » des généraux, il affecte encore lourdement l’image de la région.
La deuxième guerre mondiale marqua aussi le sentiment collectif des limousins avec des drames comme Tulle ou Oradour et l’action d’une des Résistances les plus actives de France.
VIDEO : l'entretien avec l'historien Philippe Grandcoing :