Une vaste opération de gendarmerie a permis de démanteler un important réseau de trafic d'armes sur internet. Deux habitants des Deux-Sèvres ont été entendus parmi les 44 personnes placées en garde à vue dont plusieurs ont été remises en liberté après leur audition.
L'opération de gendarmerie qui portait comme nom de code "Armes 78" a été menée hier mardi 7 octobre dans toute la France et a conduit à la saisie de centaines d'armes. Il était possible d'acheter des pistolets mitrailleurs et des fusils d'assaut en quelques clics.
Des collectionneurs et une dizaine de personnes "au lourd passé criminel"
Les suspects, simples amateurs d'armes ou repris de justice,ont été interpellés de façon simultanée, vers 06H00, "dans une quarantaine de départements", dont les Deux-Sèvres.Lors des perquisitions, les enquêteurs ont découvert "un véritable arsenal composé de plusieurs centaines d'armes", dont des "fusils mitrailleurs, fusils d'assaut, pistolets mitrailleurs, armes de poing et fusils d'épaule", a précisé la gendarmerie
L'opération, "Armes 78" diligentée par la Section de recherches de la gendarmerie de Versailles (Yvelines), sous la houlette d'une juge d'instruction de Pontoise, a mobilisé près de 600 gendarmes. Elle s'est déroulée sans incident.
Les 44 suspects, âgés de 25 à près de 60 ans, ont tous été placés en garde à vue. Parmi eux figurent des collectionneurs, mais aussi une dizaine "d'individus au lourd passé criminel", déjà condamnés par la justice, précise la gendarmerie.
Un seul site de vente en France
Ce vaste trafic d'armes a été mis à jour grâce à la découverte d'un fusil d'assaut, au mois de février, chez un homme d'une quarantaine d'annéesdomicilié à Louvres (Val-d'Oise), déjà condamné pour des vols à main armée.
Ce trafic fonctionnait grâce à un site de vente sur Internet, hébergé au sein d'une entreprise de la région parisienne. "Une partie des armes a été découverte au siège de cette société, et les autres au domicile des particuliers interpellés", selon les enquêteurs qui précisent également que les sites internet mis en cause ne commercialisaient en façade que des armes "démilitarisées", censées être inaptes au tir. Mais les pistolets et fusils ne présentaient par les garanties nécessaires à ce type de vente..
Le marché noir alimenté par les forums
Selon de nombreux experts, s'il n'est évidemment pas possible de trouver des armes en vente libre sur un site marchand en France, il n'est pas très compliqué de trouver des sites spécialisés ou des forums qui permettront de nouer les contacts nécessaires pour réaliser la transaction au marché noir."Par le biais des forums, vous pouvez prendre n'importe quel pseudo, la personne n'a pas la capacité de voir qui vous êtes", témoigne Jean-Charles Antoine, chercheur à l'institut français de géopolitique.
Une démarche facilitée par l'absence d'harmonisation européenne.On trouve notamment sur internet"des gens qui à l'étranger se présentent comme des vendeurs d'armes démilitarisées" mais offrent en fait des armes assez aisées à remettre en état de marche, ajoute ce spécialiste des trafics d'armes.
"Encore faut-il être très bon collectionneur ou connaisseur pour les rendre utilisables", tempère Patrice Bouveret, directeur de l'observatoire des armements.
Si Internet facilite l'accès aux armes, les trafiquants "y laissent nécessairement des traces", selon Patrice Bouveret. Un atout précieux pour les enquêteurs, qui peuvent ainsi surveiller les trafics.