Ségolène Royal souhaite un gel des péages autoroutiers en 2015, suscitant une "mise au point" des concessionnaires qui ont rappelé n'avoir "aucune marge de manoeuvre" dans l'application des lois tarifaires, à la veille de rendez-vous parlementaires sur ce dossier brûlant.
La ministre de l'Ecologie, également chargée des Transports, a indiqué qu'elle souhaitait "un gel des tarifs des autoroutes en 2015", alors qu'une hausse de 0,57% est prévue au 1er février dans le cadre des augmentations annuelles programmées dans les contrats de concession.L'Association des sociétés françaises d'autoroute (Asfa) a rappelé en réponse que "les augmentations de tarifs annuelles sont fixées dans les contrats entre l'État et les sociétés concessionnaires d'autoroutes, par ce qu'on appelle des "lois tarifaires". Or, "les sociétés concessionnaires n'ont aucune marge de manoeuvre pour l'application de ces lois tarifaires; l'État fixe en février de chaque année, en fonction de l'inflation constatée d'octobre à octobre, les tarifs, par arrêté conjoint du ministre des Finances et du ministre de l'Écologie", a souligné l'Afsa.
Le président de Vinci autoroutes, Pierre Coppey, a enfoncé le clou mardi soir, prévenant sur BFM Business, en référence aux investisseurs et agences de notation, que "le monde entier nous regarde, le monde entier regarde le respect de la signature de la République française et de la signature de l'Etat".
Résiliation pas écartée
Également mardi, Ségolène Royal, qui s'exprimait sur BFMTV, a indiqué qu'elle "n'écarte pas l'hypothèse d'une résiliation des contrats de concession", dans la continuité des déclarations du Premier ministre Manuel Valls la semaine dernière. A l'Assemblée, M. Valls avait dit souhaiter une "remise à plat totale" pour obtenir un "rééquilibrage" des relations entre les sociétés autoroutières et l'Etat, et affirmé "qu'aucune solution ne doit être exclue" après que 152 députés socialistes eurent exigé un rachat des concessions, octroyées en 2006.Interrogée sur le coût d'une résiliation, chiffrée au minimum à 20 milliards d'euros selon un rapport d'étape d'une mission parlementaire, Mme Royal a enjoint de "se méfier des chiffres qui sont lancés pour faire peur". De son côté, le ministre de l'Economie Emmanuel Macron a défendu dans la soirée son projet de loi devant une commission de l'Assemblée nationale assurant que ce texte devait permettre d'"aller beaucoup plus loin en matière de régulation".
Le gouvernement négocie en ce moment avec les sociétés concessionnaires un plan qui prévoit une prolongation de la durée de leurs contrats, en échange de trois milliards d'euros d'investissements. Ces sociétés sont très critiquées, notamment depuis qu'un rapport de l'Autorité de la concurrence a relevé il y a deux mois une rentabilité de 20% ou plus, sur fond de prix des péages augmentant plus vite que l'inflation depuis la privatisation.