Le conseil général de la Vienne a nettement pris position contre la construction de la LGV Poitiers/Limoges en envisageant un recours en deux temps tout d'abord auprès de l'Etat puis devant le Conseil d'Etat. La décision a été adoptée par 28 voix pour et 10 abstentions.
Recours pour "excès de pouvoir"
Le conseil général de la Vienne, a décidé de demander à l'État de retirer le décret d'utilité publique qualifiant d'urgents les travaux nécessaires à la réalisation de la LGV Poitiers/Limoges, par la voie d'un recours gracieux.Si ce recours (sans action de justice) n'aboutit pas, l'assemblée départementale indique qu'elle déposera un recours pour excès de pouvoir aux fins d'annulation devant le conseil d'État.
Moderniser le TER et la RN147
Les élus de la Vienne soulignent que "ce projet ne doit pas se faire au détriment de l'intérêt général des régions concernées."Pour eux, il serait préférable de moderniser la ligne TER entre les deux villes ainsi que la ligne POLT qui relie Limoges à Paris et de réaliser le doublement à 2X2 voies de la RN147. Ils notent également que l'emprise foncière du faisceau nécessaire à la réalisation de la LGV figeant ces terrains pour au moins 15 ans, pourrait à certains endroits rendre le doublement de la RN147 difficile, voire impossible, car les deux emprises de travaux se chevauchent.
Le conseil général de la Vienne s'appuie sur le rapport de la Cour des comptes qui a fortement critiqué le projet, le jugeant "non prioritaire et non financé mais poursuivi avec vigueur" et le jugeant comme un projet "d'intérêt purement local". Ils pointent également du doigt l'absence de financement pour ce projet évalué à près de 2 milliards d'euros.
En conclusion, le conseil général rappelle qu'il a émis un avis défavorable à ce projet qu'il ne participerait en aucun cas à son financement. Une position radicalement opposée à celle des élus du Limousin très largement favorable à la LGV.
Déjà un recours d'associations d'usagers
Ces recours du département de la Vienne s'ajoute à celui déposé devant le Conseil d'Etat par la FNAUT (Fédération Nationale des Associations d'Usagers des Transports). Le conseil général de l'Indre a également fait connaître son opposition à la construction de cette LGV. Les élus de l'Indre qui souhaitent le renforcement du POLT, ont indiqué qu'ils envisageaient de déposer eux aussi un recours devant le Conseil d'Etat.
"De bonnes chances" pour les recours
En renvoyant à nouveau le dossier devant le Conseil d'Etat, les opposants à ce projet très controversé dressent un obstacle de taille sur les rails de la LGV. On sait, en effet, que le Conseil d'Etat avait déjà émis des réserves sur la pertinence de la construction de cette ligne à grande vitesse. Cette fois, la décision qu'il prendra vis à vis de la déclaration d'utilité publique sera applicable, qu'elle soit favorable ou défavorable.Les travaux de la LGV Poitiers-Limoges avaient été déclarés le 11 janvier 2015 "d'utilité publique et urgents", dans un décret paru au Journal officiel, signé du Premier ministre, Manuel Valls et de la ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal. Opposée au projet de longue date, Ségolène Royal avait, dix jours plus tard à Poitiers, expliqué avoir signé par "solidarité gouvernementale" tout en expliquant qu'un "recours devant le Conseil d'État" aurait "de bonnes chances" d'aboutir.