Frédéric Fèvre, ancien procureur à Poitiers, va requérir dans le procès du Carlton

Il a fait de la lutte contre le proxénétisme un cheval de bataille lors de son arrivée à Lille. Le procureur Frédéric Fèvre, qui était en poste à Poitiers de 2005 à 2009, va requérir ce mardi dans le procès dit du Carlton où comparaît Dominique Strauss-Kahn.

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Frédéric Fèvre s'est alarmé du nombre "anormalement bas" d'affaires de proxénétisme traitées par le parquet lorsqu'il a débarqué à Lille. A sa demande la police judiciaire s'intéresse vite à un grand hôtel lillois, où elle soupçonne les prostituées de vaquer à leurs affaires. Après l'ouverture d'une information judiciaire, les juges d'instruction prennent le relais, et ce sont eux qui vont sortir l'affaire en 2011.

A l'audience, face à 14 prévenus, dans un procès à tiroirs, Frédéric Fèvre est une force tranquille, pondérant ses interventions, rappelant à l'ordre du droit, code à la main. Il forme un duo équilibré avec sa substitut Aline Clérot. Jeune magistrate de 34 ans, elle dirige à Lille le service de traitement immédiat des procédures. Très incisive, c'est elle qui lance les charges les plus virulentes contre les prévenus. Après avoir plaidé le non-lieu lors du renvoi de DSK en correctionnelle, le ministère public pourrait demander mardi la relaxe de l'ancien patron du FMI.


Pas perturbé par DSK

L'irruption du nom de Dominique Strauss-Kahn dans le dossier n'a pas fait perdre à Frédéric Fèvre son impassibilité. "A partir du moment où vous faites votre travail le mieux possible, il n'y a pas de difficulté particulière", dit-il. Une affaire de proxénétisme comme les autres, somme toute. L'homme est posé. Attentif derrière ses lunettes, quand on lui parle. Elles lui donnent un air très littéraire; il avoue être un admirateur de l'écriture "limpide et moderne" de Stendhal, rare information personnelle que ce père de famille de 54 ans accepte de livrer.

La silhouette élancée de Frédéric Fèvre débarque à Lille en octobre 2009. Il vient de passer huit mois comme directeur-adjoint du cabinet de la garde des Sceaux, Rachida Dati. C'était sa deuxième expérience au ministère, après le cabinet Perben (2003-2005) où il est conseiller technique.


Légitimité du terrain 

"Je n'étais pas un politique mais un technicien. La seule légitimité des magistrats c'est la légitimité du terrain", assène-t-il. Cette croyance, peut-être la tire-t-il de son expérience lorsqu'il était étudiant à l'école nationale de magistrature. Après des études de droit à Brest et Paris, l'un de ses 2 stages obligatoires se fait à la prison de la Santé. "J'ai choisi d'être surveillant pour être au plus près des détenus. On m'a mis un uniforme et au bout de 15 jours on m'a confié la gestion d'un étage la nuit, en me donnant les clés", se remémore Frédéric Fèvre.

Les études terminées, Frédéric Fèvre devient juge d'instruction à Châteauroux (1987) puis Orléans (1993), où il se spécialise dans les affaires économiques et financières -une compétence qui s'avère utile quand, à Lille, lui reviennent les dossiers du PS du Pas-de-Calais. Il passe ensuite par la direction des affaires criminelles puis devient procureur-adjoint à Melun, en 1999. Entre ses deux expériences en cabinet ministériel, il est procureur de Poitiers (2005-2009).

Frédéric Fèvre ne s'ennuie jamais. "C'est un métier de contact, où il faut être très pragmatique. Si vous avez un peu d'imagination vous pouvez faire plein de choses", confie-t-il. Il se promène volontiers dans la juridiction. Il dialogue avec le grand public dans des réunions où il explique le fonctionnement de la justice, puis répond aux questions. "Le fossé entre les magistrats et la population est important, il faut absolument que la justice soit plus proche de nos concitoyens. Je me qualifie comme un procureur de terrain".
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