La relaxe a été requise par le parquet de Lille jeudi pour sept journalistes de cinq médias parisiens poursuivis pour recel du secret de l'instruction dans l'affaire dite du Carlton entre octobre 2011 et mai 2012.
Ils étaient renvoyés suite à une plainte avec constitution de partie civile déposée en mars 2012 par l'avocat d'une des prostituées citées. Dominique Strauss-Kahn, relaxé du chef de proxénétisme aggravé à l'issue du procès de mars 2015, s'est également constitué partie civile, ainsi qu'une deuxième prostituée. Les journalistes concernés - travaillant à l'époque pour Libération, Le Monde, Le Point, Le Figaro et L'Express - n'étaient pas présents ce jeudi à l'audience, pas plus que les plaignants.
Au cours de l'instruction, ils ont tous nié avoir détenu des procès-verbaux de la procédure, se bornant à indiquer qu'ils s'étaient servis, pour leurs articles relatant les parties fines auxquelles participait "DSK", d'"informations" qu'on leur avait transmises. Ils se sont ensuite retranchés derrière le secret des sources - qui dans la loi a vocation à sécuriser pour les journalistes les moyens d'obtenir leurs informations. Mais aux yeux des juges d'instruction, les copier-coller exacts et récurrents de longs passages des PV prouvaient qu'ils les avaient eus sous les yeux. "M. Strauss-Kahn n'a été mis en examen qu'en mars 2011, alors que les fuites dans la presse avaient débuté dès octobre", a souligné son avocat Me Frédérique Baulieu. "Pendant toute cette période nous avons été victimes d'atteinte majeure à la présomption d'innocence et à la notion de procès équitable". "Aujourd'hui l'affaire est terminée pour tout le monde, mais pas pour ma cliente, car sa vie sociale est inexistante , à cause d'une photo à l'époque mal floutée", s'est emporté l'avocat de la prostituée surnommée "Jade".
Le procureur Bruno Dieudonné a requis la relaxe, dans la continuité de la position du ministère public à l'instruction, qui avait demandé le non-lieu. "Dans cette affaire, on a la mise en cause d'un homme politique de premier plan, d'un policier de haut rang, de responsables de grandes entreprises, on parle du système des escorts girls... Ça me parait relever de l'intérêt général", a-t-il exposé. De plus, "l'auteur de la violation originelle n'est pas identifié, donc il est impossible de caractériser celle-ci dans la mesure où tout un tas de gens ont accès à l'instruction sans être tenus au secret", a argué le procureur. Par conséquent, selon le magistrat, le recel de ce délit ne peut pas non plus être caractérisé.