Sept journalistes de cinq médias parisiens, poursuivis pour recel de violation du secret de l'instruction dans l'affaire du Carlton entre octobre 2011 et mai 2012, ont été relaxés mercredi par le tribunal de grande instance de Lille, a-t-on appris auprès de l'un des avocats de la défense.
Le tribunal a suivi les réquisitions du parquet, qui avait déjà demandé le non-lieu pendant l'instruction. "Je suis ravi. Mais ça ne m'étonne pas : la source d'une éventuelle violation du secret de l'instruction n'était pas identifiée, les éléments du délit n'étaient pas constitués", a réagi auprès de l'AFP Christophe Bigot, avocat du Figaro, l'un des médias concernés.
Les journalistes, travaillant à l'époque pour Libération, Le Monde, Le Point, Le Figaro et L'Express, étaient renvoyés à la suite d'une plainte avec constitution de partie civile déposée en mars 2012 par l'avocat d'une des prostituées citées. A sa suite, Dominique Strauss-Kahn, relaxé du chef de proxénétisme aggravé à l'issue du procès de mars 2015, s'était également constitué partie civile, ainsi qu'une deuxième prostituée.
Les journalistes n'étaient pas présents à l'audience du 22 septembre, pas plus que les plaignants.
PV de procédure
Au cours de l'instruction, les mis en cause avaient tous nié avoir détenu des procès-verbaux de la procédure, se bornant à indiquer qu'ils s'étaient servis, pour leurs articles relatant les parties fines auxquelles participait "DSK", d'"informations" qu'on leur avait transmises. Ils s'étaient ensuite retranchés derrière le secret des sources - qui, dans la loi, a vocation protéger la liberté de parole de ces sources d'information.Le procureur Bruno Dieudonné avait avancé plusieurs motifs à l'appui de sa demande de relaxe à l'audience : "Dans cette affaire (du Carlton), on avait la mise en cause d'un homme politique de premier plan, d'un policier de haut rang, de responsables de grandes entreprises, on parlait du système des escort girls... Ca me parait relever de l'intérêt général", avait-il exposé. De plus, "l'auteur de la violation originelle n'est pas identifié, donc il est impossible de caractériser celle-ci dans la mesure où tout un tas de gens ont accès à l'instruction sans être tenus au secret", avait argué le procureur. Par conséquent, selon le magistrat, le recel de ce délit ne pouvait pas non plus être caractérisé.