L'ancien ministre, résistant, ancien président du conseil constitutionnel et ancien député de Dordogne Roland Dumas a parlé de Manuel Valls comme étant "probablement" sous influence juive ce matin, suite à une question très orientée de Jean-Jacques Bourdin, sur BFM TV.
Le Premier ministre est-il sous influence juive, l'invite à préciser le journaliste Jean-Jacques Bourdin, après des propos tenus précedemment par Roland Dumas en ce sens.
"Probablement", "je peux le penser", a t-il répondu. "Il a des alliances personnelles qui font qu'il a des préjugés. Chacun sait qu'il est marié avec quelqu'un, quelqu'un de très bien d'ailleurs, qui a de l'influence sur lui", a-t-il ajouté en voulant parler de l'épouse du premier ministre, la violoniste Anne Gravoin.
Manuel Valls est régulièrement attaqué avec cet argument dans les milieux proches de l'extrême droite et ceux proches de Dieudonné M'Bala M'Bala, qui avait qualifié Manuel Valls "de petit soldat israélien veule et docile".
Dans un dossier lui étant consacré le 30 janvier 2014, le très droitier hebdomadaire Valeurs Actuelles écrivait : "De nombreuses sources, Place Beauvau, attestent du jusqu'au-boutisme d'Anne Gravoin, elle-même membre de la communauté juive, dans la lutte contre l'humoriste controversé (Dieudonné, NDLR). Une influence qui expliquerait que Manuel Valls ait mis tout son poids dans un combat pourtant loin d'être prioritaire".
Roland Dumas, ancien résistant et fils de résistant fusillé, a par ailleurs rejeté lundi l'expression "islamo-fascisme" employée par Manuel Valls. "Le fascisme, c'était pas ça, l'hitlérisme non plus, il ne faut pas exagérer". "Il y a une sorte d'escalade qui se produit, moi j'appelle à la raison", a-t-il dit.
Dumas, un "tordu" disait Mitterrand
Roland Dumas avait été proche de François Mitterrand, ce qui n'empêchait pas ce dernier de porter un regard sévère sur lui : "J'ai deux avocats, Robert Badinter pour le droit, Roland Dumas pour le tordu", disait l'ancien chef de l'Etat.
Roland Dumas a été l'un des premiers soutiens de Dieudonné M'Bala M'Bala en 2006. Il ne cache pas son affection pour Bruno Gollnisch, Jany Le Pen, ou encore le négationniste Alain Soral, avec lesquels il n'hésite pas à se faire photographier.
Il a également soutenu Louis Aliot pour son entrée au barreau en lui signant une lettre de recommandation.
En décembre 2010, il créée encore une fois la polémique en se rendant en Côte d'Ivoire aux côtés de son confrère Jacques Vergès pour défendre les positions du président sortant Laurent Gbagbo. Celui-ci conteste la victoire d'Alassane Ouattara à l'élection présidentielle, pourtant reconnue par la commission électorale indépendante et la quasi-totalité de la communauté internationale. Selon Libération, l'ancien ministre des Affaires Etrangères aurait été convaincu de s'y rendre par Marcel Ceccaldi, conseiller de plusieurs chefs d’État africains, conseiller juridique du FN et ancien proche de Jean-Marie Le Pen.
Condamnation unanime de la classe politique
La ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, a déploré, également sur Twitter, des propos "atterrants". "Roland Dumas nourrit l'antisémitisme ordinaire. Soutien à tous ceux qui combattent la haine"."Les mots de Roland Dumas sont inadmissibles et dangereux", a dénoncé le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll sur Tweeter.
Ce sont des "propos inacceptables", qui "dépassent l'entendement en mettant en cause le Premier ministre avec un vocabulaire d'extrême droite", a renchéri le PS dans un communiqué.
"C'est lamentable. C'est le discours des années 30 sur la France enjuivée. J'ai connu Roland Dumas résistant et pas reprenant le discours de ceux qu'il combattait", a renchéri le premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis sur TV5 Monde.
Le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Bruno Le Roux, s'est dit "révulsé". Proche de Manuel Valls, le sénateur PS Luc Carvounas a dénoncé des "propos nauséabonds", en rappelant que Roland Dumas avait "apporté son soutien à Dieudonné en 2006" tandis que l'ex-ministre Benoît Hamon a lâché : "Dumas est écoeurant".
Claude Bartolone, le président PS de l'Assemblée nationale, s'est dit, également sur Twitter, "révolté" par des propos "qui relèvent d'un antisémitisme ordinaire et d'un complotisme délirant", appelant à "ne rien laisser passer".
Jean-Jacques Urvoas, le président PS de la commission des Lois de l'Assemblée, proche du chef du gouvernement, a ironisé en postant sur Twitter:
Pour Carlos Da Silva, porte-parole du PS, "Roland Dumas a perdu les pédales"."Pour la 1ère fois je me sens gaulliste : la vieillesse est un naufrage. Dumas le démontre".
"Il faut qu'il arrête de s'exprimer. Des tombes ont été profanées (en Alsace), des citoyens français attaqués parce qu'ils étaient juifs, voilà de quoi on parle!", a dénoncé ce proche de M. Valls sur Europe 1.
Jérôme Guedj, président PS du Conseil général de l'Essonne, a pour sa part jugé que
"les mots choisis de Dumas sont assassins. Pas d'excuse dans l'âge : vieux ou jeune, c'est le même antisémitisme, qui va des mots au meurtre".
Réactions atterrées à droite aussi
A droite, les propos de l'ancien ministre de François Mitterrand ont également été condamnés: "#antisémitisme Les propos de Roland Dumas sur #Valls sont inadmissibles et proprement scandaleux Quel naufrage!", a tweeté l'ancien ministre UMP des Transports Dominique Bussereau.
"Roland Dumas va avoir 93 ans... L'âge du silence médiatique... ou de la révélation de la vraie personnalité? Ses propos sont odieux... comme lui?", a réagi le sénateur et ex-ministre UMP Roger Karoutchi.