C'est à l'hôtel que vit désormais Aïcha. Cette nonagénaire, suspectée de stocker de la drogue chez elle, a été expulsée jeudi matin de son logement social à Montpellier. Elle vivait depuis 23 ans dans ce T2. Ce déménagement brutal désespère la vieille dame et met très en colère sa fille, qui nie tout lien avec le trafic de stupéfiants.
Le combat pour reloger Aïcha, qui a toujours vécu dans le quartier de la Croix d'Argent à Montpellier, ne fait que commencer. Jeudi matin, vers 7 heures, cette nonagénaire a été expulsée de son logement social par une quarantaine de policiers, secondés par des pompiers.
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Son bailleur social, ACM Habitat et la justice lui reprochent d'héberger un trafic de drogue depuis des années, ce que ses proches contestent formellement.
Ce vendredi, une de nos équipes de France 3 Occitanie a rencontré cette dame et sa fille, dans une chambre d'hôtel où la "mamie", comme l'appelle sa famille, a été relogée. Un bouleversement qu'elle supporte très mal, selon sa fille Hafida.
"Elle menace de se tuer, elle n'est pas bien, ma fille doit la surveiller tout le temps, je ne suis pas tranquille. En plus, ici, ce n’est pas du tout adapté pour une dame de son âge, elle est au 3e, les escaliers sont étroits", explique la quinquagénaire.
"Ma mère n’a jamais gardé de drogue"
Quant à la drogue et à l'argent qui auraient été entreposés chez elle, dans son rez-de-chaussée, selon Hafida, tout est faux. "Je conteste haut et fort ! S'ils ont des preuves, qu'on me les montre, et à ce moment-là, comme dit ma mère, on ira en prison ! D'où on met les gens dehors comme ça ? Dans cette affaire, il y a eu huit personnes qui ont témoigné et qui ont déménagé de l'immeuble. Pas parce qu’ils avaient peur, mais parce qu’ils voulaient aller ailleurs dans un appartement plus grand", affirme Hafida qui a, elle aussi, été expulsée de son logement social jouxtant l'appartement de sa mère, en mai 2023 pour les mêmes raisons, selon le bailleur ACM Habitat.
La police n'a jamais rien jamais rien trouvé chez nous.
"Ma mère n’a jamais gardé de drogue, et n’a jamais gardé d’argent de qui que ce soit. On a été perquisitionné trois fois chez moi, trois fois chez ma mère, la police n'a jamais rien jamais rien trouvé chez nous. Pourquoi on n'est pas poursuivies en justice ?", s'exclame la Montpellieraine.
"Qu'on la laisse finir ce qui lui laisse reste à vivre en paix"
"Ma mère, elle a toujours payé son loyer et ses factures. Elle a toujours aidé des gens, cuisiné pour ceux qui n'ont pas d'argent. Je vais me battre contre le préfet et contre le maire de la ville tant qu’ils ne lui auront pas donné un appartement. Qu'on la laisse finir ce qui lui laisse reste à vivre, en paix."
Chez Aïcha, c'est la tristesse qui domine. Elle qui voit et entend mal, essuie quelques larmes et s'exclame "Vive la France ! La France, c'est ma mère et mon père, je n'ai pas eu de parents".
Sa famille attend désormais une proposition de relogement durable et la prise en charge des soins. La nonagénaire diabétique a besoin du passage quotidien d'une infirmière, une promesse qu'aurait fait la préfecture de l'Hérault.