Les années Bez et Giresse, l'exploit contre le grand Milan, les célébrations du sacre de 1999 : le stade Chaban-Delmas, ex-Parc Lescure, fait ses adieux ce samedi aux Girondins de Bordeaux après avoir vibré huit décennies durant à leurs exploits.
Alain Giresse, le joueur emblématique de Lescure
Stade Vélodrome, Parc Lescure, stade Chaban-Delmas depuis 2001... S'il est un nom de joueur résumant ce stade citadin construit pour la Coupe du monde 1938 sans pilier pour soutenir la toiture, une prouesse pour l'époque, c'est bien celui d'Alain Giresse.
En seize années passées sous les couleurs marine et blanche (592 matches en tout de 1970 à 1986), le lutin (1,63 m) bordelais originaire du proche village de Langoiran y a inscrit la bagatelle de 118 buts.
La légende de Milan
Durant cette période, Gigi a croisé dans ce stade tous les plus grands du ballon rond de son temps, à l'exception de Johan Cruyff. Pelé s'y est produit en tournée avec Santos (1973), Diego Maradona lors d'un tournoi amical de pré-saison avec Barcelone (1983) -l'Argentin y est revenu avecNaples en 1989-, Franz Beckenbauer en Coupe de l'UEFA avec Hambourg (1981), et bien sûr Michel Platini, que ce soit avec Nancy, Saint-Étienne ou la Juventus Turin en avril 1985 pour une demi-finale retour de C1 aussi belle que cruelle.
Battus 3-0 à l'aller en Italie, les hommes d'Aimé Jacquet, qui règnent alors sur la France du football, livrent une partie homérique dans un stade comble (40.211 spectateurs selon la presse locale), remontent deux buts grâce à Dieter Müller et Patrick Battiston d'une frappe de plus de 30 mètres, mais échouent d'un rien pour la qualification.
Ce sont les Bianconeri qui iront défier Liverpool au Heysel, à Bruxelles, lors d'une finale de sinistre mémoire.
Les Bordelais prendront une revanche éclatante sur le football italien onze ans plus tard, le 17 mars 1996 en quarts de finale de la Coupe de l'UEFA face à l'AC Milan de Franco Baresi, Paolo Maldini et George Weah, vainqueur 2-0 à l'aller.
Portés par Zinédine Zidane et Christophe Dugarry, ils renversent les Lombards au retour (3-0), comme dans un rêve, au terme d'une soirée inoubliable, légendaire, dans un stade en fusion.
Trois ans plus tard, la magie reprend au terme d'un mano a mano endiablé avec Marseille. Avec deux points d'orgue : le match retour le 29 janvier 1999 face à l'OM, plié en une demi-heure avec quatre buts d'école (4-1 au final), trois jours après la disparition de Claude Bez, mythique président de 1979 à 1990 ; puis la nuit suivant le sacre du 29 mai après une victoire au Parc des Princes (3-2) grâce à un but du jeune Pascal Feindouno inscrit à la 89e minute.
Ouvert à minuit, le Parc Lescure se remplit jusqu'à la gueule dans une ambiance bon enfant, mêlant chants partisans et bandas, pour accueillir leurs héros peinturlurés sur le coup de quatre heures du matin pour une nuit de folie.
Dans l'esprit des plus anciens, deux autres matches resteront à jamais inscrits dans la légende de Lescure : la réception du grand Lille, le 12 février 1950, se soldant par un nul (1-1) qui n'empêcha pas les hommes de Jean Swiatek de conquérir leur premier titre de champion de France trois mois plus tard, mais aussi le match retour de 16e de finale de Coupe de l'UEFA en 1982 contre les Yougoslaves d'Hajduk Split, renversés 4-0 après une défaite 4-1 à l'aller
Place au rugby
L'avenir de Chaban restera sportif avec l'installation à la rentrée et à temps complet des rugbymen de l'Union Bordeaux-Bègles.
Les girondins se produiront à compter du 23 mai dans le Grand Stade, doté de 42.115 places, construit dans le quartier du Lac, en prévision de l'Euro-2016.