Réputées peu amicales, les relations entre Ségolène Royal et Laurent Fabius semblent connaître un nouveau coup de froid après les critiques de la ministre de l'Ecologie concernant le processus de négociations climatiques de l'ONU.
Chargée avec son homologue des Affaires étrangères de préparer la conférence mondiale (COP21) sur le climat prévue en décembre 2015 à Paris, Ségolène Royal n'a pas hésité à formuler ses critiques au moment même où Laurent Fabius présidait une session de négociations onusiennes à Bonn.Les négociations de l'ONU sont totalement inadaptées à l'urgence climatique, avec des négociateurs qui sont là depuis 15, voire 20 ans assis devant leur ordinateur, en train de jouer aux mots croisés."
Ségolène Royal dans une Itw au Monde
Laurent Fabius, qui présidera la COP21, s'est contenté de répondre "pas de commentaire" en soulignant qu'il travaillait pour le succès de la conférence de Paris. Ségolène Royal, qui revendique régulièrement sa liberté de parole, a nié tout différend avec lui. "On a voulu m'opposer à Laurent Fabius, ce qui n'est pas du tout le cas", a-t-elle affirmé à la presse. "J'ai dit des choses que tout le monde dit, tout le monde pense, des choses très banales".
Selon l'avis d'observateurs sur place, les propos de la ministre française n'ont eu que peu d'impact. Quant à l'équipe française de négociations, elle a réagi par des haussements d'épaule ou des sourires en coin, tout en gardant le silence.
Un passif
Dans l'entourage de François Hollande, on s'efforce de minimiser les dissonances entre ces deux poids lourds du gouvernement : "Les deux ministres sont les principaux acteurs en charge du dossier climatique. Il faut voir les choses positivement, ils ont à coeur de se mobiliser."En dépit de ce partage des rôles, institué au début de l'année en conseil des ministres, les relations entre Laurent Fabius, numéro 2 du gouvernement, et de Ségolène Royal, numéro 3, sont difficiles. En témoigne la précédente conférence climatique, à Lima à la fin de l'année dernière, où les deux ministres se sont soigneusement évités et sont rentrés séparément à Paris.
Ces deux figures de la gauche ont un passif : ils étaient notamment rivaux au moment de la désignation du candidat du PS à la présidentielle de 2007. Mme Royal avait écrasé M. Fabius à la primaire socialiste de l'automne 2006 en étant élue au premier tour, avec plus de 60% des voix, loin devant Dominique Strauss-Kahn et l'actuel ministre des Affaires étrangères, lanterne rouge à moins de 20%.