Dominique Bussereau, le président du conseil départemental de Charente-Maritime a réagi à l'annonce par le gouvernement de l'abandon de projet de l'A831 devant relier Fontenay-le-Comte en Vendée à Rochefort en Charente-Maritime. Il évoque la "fureur des Vendéens et des Charentais-Maritimes".
Ce week-end, un député de Vendée Hugues Fourage avait révélé que le gouvernement avait finalement décidé d'abandonnner le projet de construction de cette autoroute à laquelle Ségolène Royal s'est toujours opposée.
"Le président Hollande s'est finalement prononcé contre la prorogation de la déclaration d'utilité publique qui arrivait à échéance le 12 juillet prochain", écrivait le député vendéen dans un communiqué. "Le projet de l'autoroute A 831 est enterré", ajoutait-il. Cette décision doit encore être officiellement confirmée, ce qui n'a pas été fait pour l'heure.
Fureur des Vendéens et des Charentais-Maritimes
Cette nouvelle a déclenché la colère de nombreux élus de Charente-Maritime, au premier rang desquels Dominique Bussereau, le président du conseil départemental, fervent partisan du projet."C'est une réaction de fureur des Vendéens et des Charentais-Maritimes, c'est un coup au développement économique, c'est un coup au grand port maritime, c'est un coup à la sécurité routière" a déclaré ce matin Dominique Bussereau en conférence de presse. "L'A831, ce n'est pas simplement Fontenay-le-Comte/Rochefort, c'est Nantes/Bordeaux sans détour par Niort. Si elle ne se fait pas, le grand port de commerce de La Rochelle restera le seul grand port français à ne pas être relié à une autoroute", a-t-il déploré.
Une vengeance personnelle ?
En faisant référence aux déboires électoraux de Ségolène Royal en 2012 aux législatives de La Rochelle, il a évoqué la possibilité de "vengeances personnelles liées à des insuccès électoraux". "Nous ne pouvons pas l'admettre" a-t-il ajouté, "le premier ministre nous a menti car en février dernier, il nous avait affirmé : je donne des instructions . Nous sommes en juillet, et il nous a menti".Dans un premier temps, les élus de Charente-Maritime ont décidé ce matin de riposter en annonçant que "lorsqu'un ministre du gouvernement Valls se rendra en Charente-Maritime, il n'y aura pas de représentant de ce département". "Nous entrerons dans une période de glaciation avec le gouvernement jusqu'en 2017", a-t-il prévenu.
La victoire de Ségolène Royal après des années de polémique
Le président de la République semble donc avoir donné raison à Ségolène Royal qui a toujours combattu ce projet autoroutier alors qu'au sein même du gouvernement, Manuel Valls y était favorable.La construction de ces 64 kilomètres de ruban d'autoroute entre le sud vendée et la Charente-Maritime est en discussion depuis très longtemps et à déjà été ajourné. Le premier projet date de 1994 et avait alors été enterré. Des études réalisées jusqu'en 2000 ont conduit au lancement d'une enquête d'utilité publique en 2004. La déclaration d'utilité publique a été signée en 2005, celle ci arrive à terme le 12 juillet prochain et ne sera donc pas prorogée.
En mars dernier, Ségolène Royal avait déclaré "que cela l'étonnerait beaucoup que l'A831 soit construite". Une déclaration qui sonnait comme un bras de fer avec Manuel Valls. Le premier Ministre venait en effet de redonner de l'élan au projet un lançant un nouvel appel à candidatures pour la construction de l'autoroute. Ségolène Royal, ministre de l'Ecologie, avait déjà, une première fois, bloqué le dossier à ce stade des appels d'offres.
La protection du Marais Poitevin contre la logique économique
La ministre de l'Ecologie et ancienne présidente de la région Poitou-Charentes mettait en avant les difficultés de financement et surtout les atteintes à la protection de la nature (eau et espèces protégées) qu'engendrerait la réalisation de ce tronçon autoroutier de 60 kilomètres devant traverser le Marais Poitevin, Parc Naturel Régional.Le coût du projet est estimé à environ 900 millions d'euros dont 400 millions de financement public mais le budget réel n'est pas encore exactement déterminé.
Pour ses opposants, l'A831 est en premier lieu un danger pour la protection de l'environnement. Le tracé de l'autoroute doit en effet traversé la Marais Poitevin et deux zones Natura 2000, mettant en danger la faune et la flore.
Des arguments, auxquels ses partisans, en Vendée comme en Charente-Maritime, opposent le désenclavement économique de la région.
En interview, la réaction de Dominique Bussereau après l'annonce de l'abandon du projet.