Amélie Quéguiner visée par une plainte en diffamation : "est-ce une volonté de me faire taire ? "

Amélie Quéguiner, dénonce depuis des années des viols subis dans son club d'équitation alors qu'elle était adolescente. Après avoir accusé la fédération française d'équitation d'avoir protégé un employé condamné pour pédocriminalité, elle est visée par une plainte en diffamation.

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Elle est devenue une des figures de la lutte contre la pédocriminalité dans le milieu sportif. Amélie Quéguiner, ancienne cavalière professionnelle aujourd'hui dirigeante d'un centre équestre en Dordogne, a pris la plume un jour de février 2020. Dans une lettre adressée au président de la Fédération française d'équitation et publiée sur les réseaux sociaux, elle dénonce des viols subis dans pendant son adolescence, en Béarn.

Les auteurs sont, selon la victime, deux enseignants de son club, et un conseiller technique régional. Ce n'était  pas la première fois qu'elle s'exprimait : Amélie Quéguiner avait déjà raconté son histoire sur Facebook, en 2017.

La publication de cette lettre de février 2020 survient quelques semaines après la publication du livre de l'ancienne patineuse Sarah Abitbol, qui accuse son entraîneur de viols et attouchements.  La question de la responsabilité des fédérations sportives dans le calvaire des victimes est alors questionnée. Après une plainte et classement sans suite en 2018, les faits étant prescrits,  Amélie Quéguiner porte à  nouveau plainte en 2020 à la gendarmerie de Roche-Chalais, dans le Périgord, où elle réside depuis une vingtaine d'années.

Une interview et des accusations

Mais si le courage et les différentes prises de parole d'Amélie Quéguiner sont saluées par de nombreuses associations d'aides aux victimes, elles ne sont pas au goût de la fédération d'équitation.  Elle est désormais poursuivie pour diffamation par cette dernière,. L'affaire sera jugée en septembre, mais Amélie Quéguiner était convoquée pour une audience de conciliation ce mercredi 28 avril à Périgueux.
En cause : des propos de la cavalière lors d'une interview accordée à l'Obs (article réservé aux abonnés), dans laquelle elle pointe l'inaction des responsables de la fédération dans la lutte contre la pédocriminalité.

Amélie Quéguiner reproche notamment à la fédération d'avoir employé et maintenu à son poste, un homme déjà condamné pour des faits de pédocriminalité et accuse l'institution de l'avoir "protégé".

Depuis la médiatisation de cette plainte en diffamation, plusieurs personnalités ont pris position pour demander à la FFE de la retirer. Une pétition réunit plus de 20 000 signatures. Mais cette dernière s'y refuse. Elle a, via un communiqué, dénoncé une  "instrumentalisation" et des "amalgames", ainsi que des "propos mensongers et diffamatoires contre la fédération et son président". Pas de quoi intimider la quinquagénaire, qui a reçu une équipe de France 3 Périgords dans son centre équestre.

"C'est un endroit où des prédateurs peuvent trouver ce qu'ils cherchent"

"Je l'ai vécu assez mal pendant 48 heures, concède-t-elle. A présent, je le prends comme une attaque qui m'engage à continuer mon combat, et comme une occasion de continuer à diffuser ce message qui est le mien:

La pédocriminalité existe au sein de l'équitation, comme elle existe au sein de la société. Les statistiques montrent qu'une femme sur cinq et un garçon sur treize est atteint. La fédération française d'équitation, qui est une fédération essentiellement féminine et où 70% des adhérentes sont mineures, n'y échappe pas. Il y a donc un gros vivier de potentielles victimes qui attirent de potentiels prédateurs.

Amélie Quéguiner

"Je ne dis pas que l'équitation est un repaire de pédocriminels, mais que c'est un endroit où les prédateurs peuvent trouver ce qu'ils cherchent, précise-t-elle. Il faut prendre conscience de ça et s'attaquer au problème, sans discrétion", poursuit Amélie Queguiner, qui demande notamment que des sanctions soient prises au sein de la FFE.

Voir le reportage de France 3 Aquitaine

"Est-ce une volonté de me faire taire ?"

Ni l'Obs, ni Médiapart, qui avait pourtant révélé l'affaire bien avant l'interview d'Amélie Quéguiner, ne sont poursuivis par la fédération. " C'est leur choix.  C'est très surprenant, note la directrice de centre équestre, et ça pose question. Est-ce vraiment une volonté de me faire taire moi ?", s'interroge-t-elle.

"Leur argument est de dire que j'instrumentalise tout ça pour nuire à l'élection de Serge Leconte [réélu à la tête de la FFE ce mardi 27 avrik, ndlr]. Mais j'ai communiqué bien avant qu'il ne soit candidat, rappelle Amélie Quéguiner.  Et on voit bien que ça n'a pas nui à son élection.   Je trouve d'ailleurs que c'est l'inverse. La campagne électorale a nui au débat sur le sujet".

"Il n'incite pas les victimes à parler"

 La fédération avait pourtant lancé une campagne de communication, incitant les victimes à dénoncer les agissements qu'elles pourraient avoir subis. Un bon début, estime Amélie Quéguiner, mais qui ne peut rester sans suite. Et surtout, estime-t-elle, le message envoyé par la Fédération ne peut être que brouillé par les déclarations de ses responsables. Amélie Quéguiner vise notamment la minimisation des actes commis par l'ancien employé de Serge Lecomte, reconnu coupable d'atteinte et agression sexuelle sur des mineures.

"Quand, pour en parler, Serge Leconte parle d'une atteinte sexuelle sur une mineure de 17 ans et demi, moi, je pense à toutes les jeunes filles de 17 ans qui, dans un centre équestre ont eu affaire à un enseignant qui a glissé sa main sous leur t-shirt, qui a tenté de les embrasser dans une sellerie, et qui vont se dire, après avoir entendu ce discours, qu'on ne les croira pas. Et que ce n'est pas si grave. C'est pourquoi je trouve ce discours scandaleux : il n'incite pas du tout les victimes à aller parler".

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