Annonces d'Emmanuel Macron sur le déconfinement : les réactions en Limousin

Comment les restaurateurs et patrons de discothèques ont réagi aux annonces du chef de l'Etat exposées ce vendredi matin dans la presse quotidienne régionale ? Les réactions sont contrastées...

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Les annonces du chef de l'Etat n'ont pas vraiment fait l'unanimité. Les restaurateurs s'en sortiraient presque le mieux. Du moins ceux qui ont une terrasse. Dès le 19 mai, ils pourront ouvrir en extérieur.

Je suis ravie de l'ouverture des terrasses, s'enthousiasme Stéphanie Cuq, propriétaire des Petits Ventres dans le quartier de la rue de la Boucherie à Limoges. On a une terrasse et il faut souhaiter seulement qu'il y ait du beau temps. On va gérer la mise en place en fonction de la météo entre le 19 mai et le 9 juin. Je trouve ça très bien d'être ouverts. Il faut qu'on soit là pour les gens pour les retrouver et pour refaire notre métier aussi.

Pour ceux qui ont une grande terrasse, la nouvelle est donc bonne ! En revanche pour les autres, la situation va être plus compliquée : "On n'est pas sur la côte d'Azur, tempère Stéphane Villetorte, propriétaire du restaurant Influence à la Chapelle Taillefert près de Guéret. Chez nous, les terrasses ne sont pas forcément légion et n'ont pas toutes des tailles suffisantes pour réussir à en vivre". Comment, en effet, être rentables avec une toute petite surface et comment gérer l'inconnue de la météo et son impact dans la gestion des stocks ?  Une question épineuse qui conduira peut-être beaucoup de restaurateurs à ne pas ouvrir et à attendre le 9 juin, date de la réouverture complète avec des tables de six personnes maximum. 

Autre sujet d'inquiétude, le recrutement : "Enfin, pour une fois, nous avons une date précise, explique Alain Guillout, le responsable de l'Union des Métiers et de l'Industrie de l'Hôtellerie. Les délais ont été respectés. Trois semaines, ça nous laisse le temps de nous préparer. Mais certains personnels sont déjà partis de nos établissements. On lance des recrutements, mais nous sommes inquiets de ce côté-là. Après ces mois de fermeture, ça va être compliqué de remettre la machine en marche."

Colère du monde de la nuit

Si les restaurateurs ont désormais une visibilité sur l'avenir proche, il en est, en revanche, qui sont toujours dans le flou le plus total. Les patrons de discothèques, dont les établissements sont fermés depuis 15 mois, planchaient pourtant sur un protocole sanitaire adapté. Mais c'est une fin de non recevoir qui leur a été opposée. Au 30 juin, tout sera ouvert. Tout, sauf les discothèques.

"C'est inadmissible ! s'insurge Nanou Faugeras propriétaire de l'Acropolis de Cieux, un des plus anciens établissements de Haute-Vienne. C'est incompréhensible ! Pourquoi les salles de concert peuvent-elles rouvrir avec 5 000 personnes ? Pourquoi les bars ambiance, qui font la même chose que nous, peuvent-ils ouvrir aussi ? Et nous par contre, on ne peut pas ! Quelles sont les raisons valables ?"

En attendant, il faut vivre avec les aides octroyées par le gouvernement depuis octobre (avec sept mois de décalage par rapport à d'autres professions). Les salariés sont au chômage partiel. Et de toute manière, il ne servirait à rien de rouvrir avec une petit jauge. "Les dépenses de personnel seraient les mêmes, mais la rentabilité ne serait pas au rendez-vous, voire on perdrait de l'argent." Explique encore Nanou Faugeras. Par contre, dommage collatéral, le matériel s'abîme. "Nous n'avons pas pu chauffer pendant tout l'hiver. L'humidité s'insinue. Deux machines à glaçon sont grippées à force de ne pas tourner. La sono aussi".

"Nous ça va encore parce que nous sommes ouverts depuis 33 ans et nous avions un peu de trésorerie, mais je me mets à la place de ceux qui venaient de se lancer. C'est catastrophique !" 

Les représentants du monde de la nuit n'ont-ils pas été assez efficaces dans leur lobbying auprès du gouvernement ? 

"Je ne crois pas. Ils se sont bien battus. Mais il faut dire que nous ne sommes plus très nombreux" explique Nanou Faugeras. 

Chez les syndicalistes, c'est effectivement aussi l'amertume qui prédomine. 

"Nous sommes en colère. On a l'impression d'être des gérants de société de seconde zone se désole Laurent Danthez du syndicat national des discothèques et lieux de loisir. Dans l'élaboration de ce déconfinement nous ne sommes même pas invités. Beaucoup d'établissements ont pourtant de grandes terrasses. Je pense que nous aurions pu travailler cet été ce qui aurait évité le développement de grosses soirées privées".

En France, sur 1600 discothèques, presque 25% ont déposé le bilan. Les gérants de celles qui restent n'ont bien souvent pas perçu de salaires depuis 15 mois et leurs trésoreries s'écroulent. Ils attendent donc eux aussi enfin une date et un peu de visibilité. 

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