Il connait un succès auprès des jeunes : + 4% lors de cette rentrée. L'apprentissage est plébiscité car son image a évolué. Les aides accordées en région Nouvelle-Aquitaine favorisent aussi son attrait. Mais des nuages planent sur ces formations car une nouvelle loi pourrait changer la donne.
Entre espoir et inquiétude... L'apprentissage a le vent en poupe en Nouvelle-Aquitaine : 38 335 apprentis, 4% de plus cette année. On est loin des années moroses où cette filière avait une image vieillote. Mais des inquiétudes ont vu le jour ces derniers mois, en tous cas du côté des responsables politiques en charge de l'apprentissage. C'est une compétence régionale depuis le début de la décentralisation. Autant dire que la prochaine loi qui prévoit de confier ce secteur aux branches professionnelles sonnent comme un mauvais signal de "recentralisation" pour les institutions régionales !
Des atouts pour les jeunes
Le contrat d'apprentissage permet un parcours sécurisé, pour peu que l'apprenti adhère à sa formation. Catherine Veyssy est vice-présidente du conseil régional de Nouvelle-Auqitaine en charge de l'apprentissage :Sécurisant pour le jeune et sa famille, pour des élèves qui ne sont parfois pas à l'aise en milieu scolaire traditionnel. Cette filière les réconcilie. "Ils comprennent mieux l'utilité d'apprendre les maths car il y a une application concrète derrière." explique Catherine Veyssy.D'une part, ce qui est important pour eux, c'est d'apprendre un métier dans d'excellentes conditions avec un vrai contrat de travail entre l'entreprise et le jeune. Avec la quasi certitude de réussir son parcours et son examen : 80 % l'obtiennent. Ils sont 70 % à trouver du travail à l'issue de leur formation et dans les 6 mois. C'est un parcours qui va leur permerttre de vivre dignement de leur travail, de monter en gamme. C'est un entrée dans la vie active et sociale particulièrement appréciable je pense.
Vision plus positive
Par le passé, cet enseignement a pâti d'une image désuète mais depuis, des vitrines ont notamment contribué à changer sa perception dans la société : "Les effets médiatiques avec des émissions qui ont mis en lumière ces métiers.". C'est vrai pour une formation boucherie qui avait toutes les peines du monde à recruter et qui fait le plein depuis qu'une émission de télévision a mis en valeur ce savoir-faire se souvient Catherine Veyssy.Il faut des vitrines comme les Olympiades des métiers.
Les regards changent, même s'il faudra encore les faire évoluer.
Dispositif rassurant qui interpelle les familles :
Il y a un filet pour les familles, un contrat de travail, un accompagnement, un cadre, un rapport avec le patron.
La crainte d'un déséquilibre territorial
Pour autant, l'heure est à l'inquiétude. Le projet de loi en cours envisage de transférer la responsabilité de l'apprentissage aux branches professionnelles.
Le projet prévoir un financement au contrat. Le CFA touchera sa dotation de fonctionnement à partir du nombre de contrats signés avec une entreprise d'accueil. Avec des répercussions pour les plus fragiles, notamment en zone rurale prévoit Catherine Veyssy :
Cela veut dire une mise en concurrence entre CFA et une mise en danger pour les plus petits qui accueillent moins de 12 apprentis. De fait, il y aura un déficit de dotation de fonctionnemnet alors qu'ils ont les mêmes charges que les autres.
Les formations agricoles fragilisées
L'inquiétude est forte notamment dans le secteur agricole qui n'est pas rattaché à une branche professionnelle. "Eux comment vont-il s'équilibrer ?" s'inquiète l'élue. "C'est important d'avoir la région pour jouer le rôle de régulation publique et maintenir à flot tous les CFA."C'est une véritable alerte que nous lançons.
Il y a un lien fort entre le jeune et son territoire, c'est avéré dans le secteur agricole. " Il ne faut pas trop l'éloigner de l'exploitation dont il dépend." ... " Derrière, il n'y a pas seulement le fait d'apprendre le geste mais aussi l'idée de la transmission. Derrière, c'est toute l'économie du territoire qui pourrait être en panne : l'emploi, l'animation locale, la vie locale. "
Quid des aides régionales ?
Transport, hébergement, restauration, premier équipement en première année, les apprentis reçoivent une aide initiée par la région : une enveloppe dédiée de 5 millions d'euros par an.Ça fait partie de la valorisation de l'apprentissage. Si on ne donne pas de bonnes conditions, s'il y a des obstacles financiers pour l'apprenti et sa famille, on ne va pas y arriver.
Alors que deviennent ces aides si la loi évolue ? Catherine Veyssy attend la réponse.
Ouverture au privé
L'inquiétude est aussi présente au sein de certains CFA notamment ceux spécialisés dans les services, les aides à la personne. D'après les premiers éléments du texte légistatif, tout organisme de formation peut prétendre à proposer l'apprentissage et donc toucher 7000 euros par apprenti.Les CFA des métiers du tertiaire se font du soucis. Tous ceux qui ont des besoin de lourds en investissement comme l'industrie, le privé n'ira pas. Mais les métiers du tertiaire oui.
La Nouvelle-Aquitaine : une oasis ?
La région a réuni il y a quelques semaines tous les acteurs du dossier pour renouveler le souhait de continuer de travailler ensemble, se mettre d'accord sur les ouvertures et fermetures de sections dans les CFA.On a toujours travaillé avec les branches professionnelles et quelque soit l'issue de cette loi, le Président Alain Rousset souhaite faire "une oasis" en Nouvelle-Aquitaine, et que l'on continue de travailler tous ensemble comme on l'a toujours fait.
Autant dire que l'apprentissage est une valeur d'avenir pour la Région qu'elle ne souhaite pas voir éloigner de sa sphère de décision. Les débats parlementaires sont annoncés avant l'été.
SUR NOS ANTENNES :
► Retrouver l'émission "Dimanche en politique" dimanche 27 mai à 11 h 20 consacrée à l'apprentissage avec Catherine Fabre, députée LREM de Gironde, rapporteur de la loi à l'Assemblée Nationale et Alain Rousset présient de la région Nouvelle-Aquitaine.
► TOUS APPRENTIS ! Lundi 28 mai, les 24 antennes régionales de France 3 et les 44 stations du réseau France Bleu consacrent une journée découverte à la filière de l’apprentissage qui connaît un succès grandissant auprès des 16-25 ans.
TOUS APPRENTIS !
Editions d'informations du 12/13, 19/20 et Soir 3
Enquêtes et reportages sur l’apprentissage, les sources de financement… et des rencontres avec des apprentis dans les CFA des régions. Toute l’actualité locale, régionale et nationale sur cette filière avec les 24 rédactions régionales et l’édition nationale de France 3.
Documentaires (52') dans la case "Qui sommes-nous ?"
A 22h30
En Nouvelle-Aquitaine : Les cuisiniers de Tretignac - Un film de Sophie Bensadoun
Chaque année, le lycée hôtelier de Treignac en Corrèze accueille entre 15 et 25 nationalités différentes de jeunes migrants mineurs sans famille, en quête du CAP cuisine française.
A 23h30
En Nouvelle-Aquitaine : Prosper et la jeunesse pétillante - Un film de Laurence Kirsch
L'ouverture de la grande porte crée un appel de lumière. Avec la lumière s'engouffrent des silhouettes juvéniles. Ce sont des élèves qui entrent au Centre de Formation d'Apprentis. C'est jour de rentrée ! L'homme qui ouvre la porte, accueille les jeunes en déclamant cette phrase "Bienvenue jeunesse pétillante dans le temple du savoir, éteignez vos dernières cigarettes et soyez boulimiques de la connaissance, car la connaissance libère".
L'apprentissage en quelques chiffres en Nouvelle-Aquitaine
► 38 335 apprentis►102 CFA ( publics et privés )
► 64 % d’insertion dans l’emploi ( 7 mois après la sortie de formation )
► 70% des entreprises accueillant des apprentis ont moins de 10 salariés
Top 3 :
1 – industrie : 38.5 % ( agro-alimentaire, maintenance aéronautique et mécanique )
2 – Echanges, gestion, comm, informatique : 20.9 % ( tertiaire )
3 – service : 15.1 %
Et aussi :
►9% d’augmentation depuis 2015 ( + 3100 apprentis ) 38 335 apprentis
► + de 1800 formations, + de 700 certifications (diplômes ou titres), 284 formations ouvertes depuis 2016,
► Age moyen d’entrée en apprentissage : 20 ans
► 16 600 employeurs d’apprentis avec un taux de pénétration de 3% des entreprises
( + de 50% des contrats dans le secteur tertiaire )