Au cœur de la préparation du contre-la-montre d’Arkéa-Samsic au Tour Poitou-Charentes en Nouvelle-Aquitaine 2021

C’est une discipline spéciale. Tout se joue dans les détails. Alors pour gagner le moindre centième de seconde au contre-la-montre, l’équipe Arkéa-Samsic ne laisse rien au hasard. Immersion dans leur préparation au "juge de paix" du Tour Poitou-Charentes.

Il passe la ligne d’arrivée en tirant la langue. Exténué, Connor Swift a tout donné pour son contre-la-montre. Des efforts payants car le Britannique d’Arkéa-Samsic récupère, à l’issu de la 4e étape du Tour Poitou-Charentes, le maillot blanc de leader. Avec lui, 2 de ses coéquipiers figurent parmi les dix premiers du chrono. Un succès pour l’équipe qui n’est pas dû au hasard. Chez Arkéa-Samsic, la préparation au contre-la-montre est très poussée.

"Sûrement la discipline la plus dure"

Au départ de la deuxième étape du Tour Poitou-Charentes en Nouvelle-Aquitaine, les équipes sont postées sur la place du Drapeau à Parthenay. La sérénité est là mais toutes ont déjà en tête la journée du lendemain. Au programme, une première étape le matin d’une centaine de kilomètres et surtout, l’après-midi, le contre-la-montre. L’étape reine de l’épreuve risque, comme chaque année, de rebattre les cartes au classement général avant le final du 27 août. 

Pour l’équipe bretonne Arkéa-Samsic, le Tour Poitou-Charentes en Nouvelle-Aquitaine est une occasion de se montrer. Ils présentent une équipe jeune capable d’aller "chercher des performances". Pour cela, ils misent énormément sur la 4e étape du Tour, le contre-la-montre. Pour Flavien Soenen, entraîneur spécialiste de l’épreuve au sein de l’équipe, l’enjeu est de taille : "On sait que le contre-la-montre joue énormément sur le classement général au Tour Poitou-Charentes."

Le but, pour les coureurs, c’est de toujours jouer avec leurs propres limites.

Flavien Soenen 

"C’est sûrement la discipline la plus dure du cyclisme sur route", explique Flavien Soenen. Le contre-la-montre est très éprouvant physiquement, mais aussi mentalement. Si l’effort est moins long, il est plus intense. "C’est beaucoup d’énergie. Mais on ne peut pas dire non plus qu’une étape de 190 km est moins éprouvante qu’un contre-la-montre de 23 km. Certains non-spécialistes et qui ne visent rien, s’économisent sur ce genre d’épreuve", raconte l’entraîneur d’Arkéa-Samsic. 

Une course de détails

Pour emmener ses coureurs au bout d’eux-mêmes, le travail en amont de Flavien Soenen est conséquent. Afin de performer, la répétition d’efforts est bien évidemment essentielle. Mais pas seulement. "Il faut aussi une certaine connaissance de soi, estime l’entraîneur, spécialiste du contre-la-montre. Le but pour eux, c’est de toujours jouer avec leurs limites." La préparation psychologique est donc essentielle. Mais cela dépend également de chacun et des situations. "À l’oreillette, par exemple, certains ont besoin qu’on les pousse à fond, d’autres pas du tout", raconte Flavien Soenen

Mais le contre-la-montre est surtout une course de détails. "On parle de gagner 0,1 seconde par kilomètres mais, mis bout à bout, ça fait la différence", précise-t-il. Une multitude de détails qui laisse le champs libre pour travailler énormément d’aspects en vue d’améliorer les chronos. Ce qui est bien pris en compte par Arkéa-Samsic. L’équipe a d’ailleurs investi cette année. Ils se doivent d’être sans cesse à la pointe niveau matériel. Il faut s’équiper des tenues, des casques, des vélos dernier cri, plus légers avec des systèmes de freins particuliers afin de gagner les précieux centièmes de secondes afin d'aller toujours plus vite. 

Sans cesse nouvelles innovations

En contre-la-montre, l’aérodynamisme est primordial. On l’observe avec l’équipement particulier que l’on voit uniquement pour cette discipline. Le casque, le guidon et le cadre du vélo sont différents. Les roues également. Bien souvent, les coureurs optent pour une roue pleine arrière et à l’avant seulement quelques rayons de quoi améliorer la prise au vent. Pour cela, Arkéa-Samsic possède les derniers vélos de la marque Canyon. "Avant la course on fait des choix sur la pression que l’on met dans les pneus, car selon les conditions météorologiques cela influe beaucoup également", décrit Flavien Soenen. 

Mais l’aérodynamisme ne joue pas uniquement au niveau du matériel de course. "La posture de la tête et du corps joue encore plus", selon l’entraîneur de l’équipe bretonne. Pour cela, ils font des tests en soufflerie, des laboratoires spécialisés qui mesurent tout en récréant des conditions réelles. Un outil qu’ils expérimentent pour la première fois cette année afin de pouvoir corriger la posture des coureurs. Une chance pour Flavien Soenen : "On s’entoure pour toutes ces choses. On travaille avec des médecins, des ingénieurs spécialisés. Tout est réellement fait pour optimiser la performance.

L’évolution du matériel et de la science permet sans cesse d’améliorer les chronos. Passionné par toutes ces avancées permettant de faire gagner quelques secondes à ses coureurs, Flavien Soenen observe et se tient au courant de tout ce qui se fait. Depuis avril 2021 et le Tour de Valence, sa formation travaille avec la start-up Otakam. Celle-ci développe un logiciel qui permet de se projeter quasiment en direct sur une épreuve de contre-la-montre. "Au-delà d’estimer le temps que devraient faire les coureurs sur un parcours précis, on est capable d’estimer les zones d’effort pour les coureurs", détaille Gaëtan Lemoine à l’initiative du logiciel d’Otakam.

Nous ne sommes qu’au début de ce genre d’avancées, nous allons continuer à nous développer grâce au travail commun avec Arkéa-Samsic.

Gaëtan Lemoine pour Otakam

Cette technologie à un but précis pour l’entraîneur spécialisé en contre-la-montre : "Grâce à cela, on peut identifier les parties du tracé où les coureurs peuvent tout donner et les autres où ils peuvent plutôt gérer." Et cela toujours en quête d’optimisation. Car sur un même parcours, on obtient des meilleurs résultant avec cette gestion d’effort en accélérant à fond sur certaines zones et en levant le pied sur d’autres pour récupérer un peu qu’en tentant de tout donner tout le temps. Tout est calculé. 

Gaëtan Lemoine livre sa recette : "On récupère le plus de données précises que ce soient celles des coureurs, de la météo et du tracé et on rentre tout ça dans notre algorithme qui va calculer un schéma de course idéal." Ils évaluent donc selon les mensurations du coureur et sa puissance maximale, ce qu’il pourrait faire en étudiant bien le tracé. Et ce, grâce à un logiciel de reconnaissance permettant d’étudier les virages, les montées et les descentes sans même s’y rendre. De quoi se préparer à une étape de contre-la-montre bien en amont. "Plus on anticipe cette préparation de course, plus les coureurs ont des chances de performer", constate Flavien Soenen.

Un travail payant

Selon Otakam, la seule marge d’erreur est liée à la météo qui peut rapidement changer. Mais Gaëtan Lemoine l’assure : "Nous ne sommes qu’au début de ce genre d’avancées, nous allons continuer à nous développer grâce au travail commun avec Arkéa-Samsic."

Flavien Soenen semble également satisfait de la collaboration. Depuis qu'il est en charge du contre-la-montre à Arkéa-Samsic, il a vraiment mis l’accent sur ces nouveaux outils cette année. "En travaillant avec Otakam et en mettant tout le reste en place, on voit nos performances s’améliorer progressivement", juge-t-il. Difficile de lui donner tort. Malgré les conditions spéciales du contre-la-montre du Tour Poitou-Charentes en Nouvelle-Aquitaine, ils sont trois de l’équipe bretonne à figurer parmi les 10 meilleurs temps. Grâce à cela, le 27 août 2021 Connor Swift remporte le Tour Poitou-Charentes en Nouvelle-Aquitaine.

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