La militante basque française Aurore Martin estime que sa remise à Madrid était le fruit d'une "décision gouvernementale".
Aurore Martin a affirmé lundi, dans un entretien à l'AFP que sa remise à Madrid, après son arrestation lors d'un contrôle routier le 1er novembre, était le fruit d'une "décision gouvernementale", visant à faire taire les revendications territoriales au Pays basque.
"Quand je suis arrivée à ce contrôle routier, puisqu'il m'a paru être un contrôle routier, j'ai cru que c'était une arrestation comme ça. Bon après, j'étais arrêtée à quatre heures (16h00 ) à Mauléon, vers 9 heures (21h00) j'étais à la frontière de Béhobie et sachant qu'entre temps j'ai fait une boucle par Pau, j'ai trouvé tout ça très organisé pour quelque chose qui était fortuit", a-t-elle dit.
Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls "va à un rendez-vous à Madrid et il revient et en l'espace d'une semaine il fait des déclarations cinglantes, il y a trois
arrestations", poursuit-elle évoquant la visite du ministre en Espagne, au cours de laquelle il avait assuré Madrid de tout son soutien concernant l'ETA.
"Il y a la main de (Manuel) Valls (...), au-delà de Valls la main du gouvernement", a-t-elle affirmé à l'AFP dans ses premières déclarations depuis sa remise en liberté le 22 décembre: "C'est un fort signe pour nous faire comprendre qu'au Pays basque nord nous n'aurons rien (...). C'est une décision gouvernementale", a-t-elle ajouté.
"Je veux bien croire qu'il y ait une application de juge à juge", a déclaré la militante, qui était visée depuis 2009 par un Mandat d'arrêt européen pour avoir participé à des réunions publiques de Batasuna, interdit en Espagne où le mouvement était considéré comme la branche politique de l'organisation séparatiste ETA, "mais on ne prend pas des décisions comme cela sans mesurer les conséquences", a-t-elle ajouté, en soulignant un "contexte politique" particulier.
Aurore Martin, 34 ans, avait fait l'objet d'une tentative d'arrestation infructueuse en juin 2011 et n'avait pas été inquiétée depuis.
Sa remise à l'Espagne pour des faits non répréhensibles en France a été vivement critiquée au Pays basque, par des élus de droite comme de gauche et a entraîné une importante mobilisation, au point que François Hollande avait publiquement démenti toute intervention gouvernemental