Des droits télévisés non versés, le principal sponsor maillot qui suspend son partenariat faute de compétition, des recettes inexistantes, la situation fînancière du club bordelais s'aggrave. Son avenir est plus que jamais entre les mains de son propriétaire américain King Street.
Les dirigeants n'avaient vraiment pas besoin de ça. En quelques jours, ils ont encaissé deux coups qui font mal. Le premier, ils l'avaient vu en partie venir depuis la suspension du championnat de France de Ligue 1.
Ses diffuseurs actuels Canal + et Be In Sports n'entendent pas régler l'avant dernière échéance du contrat au 5 avril.
Selon les chaînes, c'est un cas de figure prévu dans l'accord initial. Et sauf retournement de situation, reprise du championnat d'ici là, il est probable qu'il en soit de même pour l'ultime traite le 5 juin.
Sept millions de droits TV et un sponsor en moins
Tous les clubs sont pénalisés. Mais selon plusieurs sources, le manque à gagner est d'environ sept millions pour Bordeaux. Auxquels il fait ajouter la perte des recettes propres à chaque match comprises entre deux et trois millions d'euros (guichets et opérations avec les partenaires).Le verre est plein ? Pas encore. Bordeaux a perdu son principal sponsor maillot, le Bistrot Régent.
Les cent-trente enseignes du groupe sont fermées et son patron Marc Vanhove a fait savoir qu'il avait d'autres priorités financières à l'heure actuelle que les Girondins.
Dans le contrat de partenariat (1,3 Millions d'euros par saison jusqu'en juin 2023) qui le lie au club, l'homme d'affaires avait inséré deux clauses suspensives : une intoxication dans l'un de ses restaurants et une crise sanitaire...
Pour l'heure, il ne s'agit que d'une suspension mais rien n'est exclut assure un proche du partenariat.
Toutes ces pertes s'ajoutent à celle d'un club sur la corde très raide depuis plusieurs mois. Mais qui a échappé aux foudres de la DNCG, le gendarme financier du football français, grâce à une lettre de King Street se portant garant du remboursement du déficit du club, estimé à plusieurs dizaines de millions.
Le trou était déjà d'énviron vingt-six millions d'euros au 30 juin dernier.
Que va faire King Street ?
Même si on imagine mal la DNCG punir les clubs de Ligue 1 dans le contexte actuel alors qu'ils tentent de faire face à une crise sans précédent, Bordeaux va vivre un printemps très compliqué.
Au point que son avenir à court terme est lié plus que jamais aux intentions de son propriétaire américain King Street.
Avant la crise sanitaire, le fond d'investissement américain avait fermé le robinet, après avoir injecté des fonds propres à l'automne dans le compte courant du club pour lui permettre de payer les salaires.
Sans King Street, le club serait déjà mort.
confie un membre des Girondins
En juin, Bordeaux devait faire des économies sur la masse salariale et donc vendre avant de recruter. Ce qui n'incitait déjà pas à l'optimisme de la part d'un propriétaire qui suit de loin l'actualité des Girondins.
Aujourd'hui je crains que King Street ne vende tout ce qu'il peut et s'en aille.
Un connaisseur des dessous du foot business
Et les solutions ne sont pas légion. Les Girondins n'ont pas de valeur mobilière.
Ils ne sont pas propriétaires du centre d'entraînement du Haillan et du Matmut Atlantique.
(NDLR : cet après-midi, la société SBA nous a assurés ne pas avoir trouvé d'accord avec les Girondins pour l'exploitation de l'enceinte. Elle précise également qu'aucun siège ne sera enlevé même si le club bordelais veut ramener sa capacité à 35 000 places la saison prochaine).
Les joueurs, seuls actifs
La seule solution pour combler en partie le déficit c'est de vendre des joueurs.
Mais qui ? Depuis les transferts de Jules Koundé l'été dernier au FC Séville et Aurélien Tchouaméni à Monaco cet hiver, il n'y a plus beaucoup de joueurs à forte valeur marchande. Yacine Adli en a le potentiel mais il ne jouait plus beaucoup en 2020. Le risque est donc d'affaiblir un effectif déjà moyen.
De plus, qui sait ce que sera le mercato d'été dans le contexte actuel?
Le dépot de bilan, info ou intox ?
Confronté à des difficultés économiques aux Etats-Unis en raison de la crise actuelle, King Street a des dossiers plus urgents que les Girondins. D'autant plus que le fond d'investissement n'avait pas vocation à être en première ligne au début du projet. Mais la gestion dépensière de l'ex-actionnaire minoritaire GACP, finalement renvoyé aux vestiaire, l'y a contraint.
Dans les recettes attendues à court terme par le club et son propriétaire figurent en haut de l'affiche celles du futur diffuseur du championnat, Mediapro. Pour Bordeaux, elles représenteraient vingt millions la saison prochaine
Problème, dans le contrat signé avec la LFP, le groupe espagnol doit verser la première traite début juillet si... le championnat de la saison prochaine commence début août. Sinon, le paiement sera différé.
Aux Girondins, on bétonne la défense pour éviter le pire. Même si des solutions communes aux clubs pourraient être adoptées par les hautes instances du football français (prêt pour compenser le manque de recettes par exemple, étalement de la dette...)
A ce jour, l'hypothèse d'un dépot de bilan ne peut pas être écartée en l'état.
Quand vous n'avez plus de recettes et toujours des charges importantes malgré le chômage partiel, cela peut vite devenir intenable pour un club.
confie un proche de Bordeaux.
Bruno Fievet, toujours candidat
Aujourd'hui, il est difficile de savoir ce qu'il va advenir des Girondins. Seule certitude, en coulisses, Bruno Fievet est toujours déterminé à racheter le club de son coeur depuis son enfance.
L'homme d'affaires, qui travaille sur la plateforme financière de Genève mais réside à Pessac, nous l'avait confié lors d'un entretien le 15 février.
Depuis il a avancé. L'ami de Marius Trésor a adressé une lettre d'intention à Daniel Earhman, le patron de King Street. Dans ce document, véritable acte juridique, il précise son projet noir sur blanc.
Bruno Fievet s'estime en capacité de réunir entre 180 et 190 Millions d'euros.
A l'hebdomadaire spécialisé France Football, il a détaillé son tour de table :
100 Millions d'euros en prêt (il a obtenu l'accord de deux banques), 20 venant d'une dizaine d'industriels bordelais et 60 Millions provenant de clients fortunés dont il gère le portefeuille.
Affaires à suivre...