Grossistes et éleveurs sont touchés par le confinement. Leurs débouchés sont réduits. Alors que la production de fromages s'envole en cette période.
Le printemps a été clément jusque-là. Les conditions étaient idéales pour la production de fromages. C'est la pleine période pour les éleveurs, comme Marie-Claire Hondagneu, qui sort une quinzaine de tommes de brebis AOP chaque jour. Seulement voilà, ses clients habituels se raréfient avec le confinement. Comme des crèmeries à Bordeaux ou Paris.
Ces débouchés habituels sont limités. A bordeaux, un de mes clients n'a plus que deux marchés sur cinq. Ils ne peuvent plus écouler la marchandise, et ils ne peuvent pas stocker. Donc c'est nous qui devons le faire. C'est pas du vin, ça peut pas trop vieillir, il vaut mieux le commercialiser à 4 ou 5 Mois, c'est l'idéal.
Marie-Claire Hondagneu, éleveuse en Béarn
L'embouteillage menace également les grossistes. A l'image de Louis Madec, installé à Précilhon près d'Oloron-Sainte-Marie. Il travaille avec les éleveurs des vallées, mais cette année, il ne peut pas accueillir la production de tout le monde. Ses deux saloirs (de 3000 et 4000 places) sont presque pleins. Lorsqu'il descend dans l'un d'entre eux, il évolue entre des murs remplis de fromages variés. Et pourtant il ne prépare que deux palettes par jour contre quatre habituellement à cette époque de l'année. La baisse d'activité est très nette pour ce dernier mois.
On l'estime entre 40 et 50%. Clairement, on n'a plus de station de ski, d'exportations, peu de petits marchés...Heureusement qu'on travaille encore avec des crèmeries de centre-ville un peu partout en France. Mais cela ne compense pas les pertes. C'est un chiffre d'affaire qu'on ne récupérera pas. D'autant plus que Pâque était en plein confinement. Avec Noël, c'est la période la plus importante pour nous, et les ventes n'ont vraiment pas été à la hauteur.
Louis Madec, grossiste à Précilhon (64)
L'une des solutions trouvée pour amortir le choc est de mettre sous vide certains fromages jeunes, et attendre un futur plus clément. Un choix par défaut pour la filière. Se tourner vers le "drive" fermier également, comme sur Oloron et Pau chaque semaine.
Le circuit court tire mieux son épingle du jeu. C'est le cas des producteurs réunis dans la boutique "Tot de Casa" à Oloron-Sainte-Marie. Même avec des horaires limités à cause du confinement, le chiffre d'affaire est bon. Les clients restent fidèles. L'échelle de production permet répondre à la demande habituelle.
Les prochaines semaines s'annoncent cruciales pour beaucoup d'éleveurs des vallées béarnaises. Il faudra trouver des solutions pour les fromages qui s'accumulent. En attendant l'autre étape capitale, la montée vers les estives. Pour Marie-Claire Hondagneu le départ est prévu le 20 juin. En direction des grandes étendues autour de La Pierre-Saint-Martin.Moi, je n'ai pas de problèmes d'écoulement de stock. Ma production est limitée, adaptée à ma commercialisation par notre point de vente collectif en centre-ville d'Oloron. La situation doit être beaucoup plus problématique pour des éleveurs avec plus de volume de production.
Maxime Bajas, éleveur ( Bedous )